Les traumas de l’enfance augmentent le risque de sclérose en plaques

sclérose en plaques
Crédits : Portraitor/Pixabay

Une étude établit un lien entre les traumatismes de l’enfance et le développement ultérieur de la sclérose en plaques. Les personnes ayant subi des violences sexuelles seraient plus susceptibles de souffrir de cette maladie à l’âge adulte. Dans leur article, publié dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, les chercheurs tentent d’expliquer ce lien.

Les expériences négatives de l’enfance sont des types de stress extrêmes connus pour augmenter le risque de troubles psychiatriques et physiques à l’âge adulte, y compris les maladies cardiovasculaires, le cancer et les maladies auto-immunes en général. Sur ce dernier point, on ignore encore si ces événements indésirables peuvent avoir un réel impact sur la susceptibilité à la sclérose en plaques (SEP).

Pour rappel, la SEP implique un retournement du système immunitaire contre son propre corps. Les défenses naturelles s’attaquent ici par erreur aux cellules nerveuses, détruisant la couche protectrice de myéline qui les entoure. Ce processus peut alors entraîner des douleurs chroniques, des spasmes musculaires, des engourdissements, voire une perte de vision.

Une vaste étude en Norvège

Dans le cadre d’une étude, une équipe de scientifiques a tenté de savoir si l’exposition à la violence émotionnelle, sexuelle ou physique pendant l’enfance pouvait ou non être associée au développement ultérieur de la maladie. Pour sonder les possibles liens entre la maladie et les traumatismes infantiles, les chercheurs ont collecté les données d’une étude norvégienne sur plus de 78 000 femmes enceintes compilées de 1999 à 2018. Ils ont ensuite croisé ces données avec les dossiers hospitaliers et un registre national des diagnostics de SEP en Norvège.

Résultat : selon l’analyse, les femmes exposées à des abus émotionnels et sexuels avant l’âge de 18 ans avaient un risque accru de développer la sclérose en plaques plus tard dans la vie. Sur les 300 femmes de la cohorte ayant développé la maladie, près d’une sur quatre avait en effet signalé des antécédents de maltraitance durant l’enfance. Le lien était d’autant plus prononcé chez les femmes ayant subi des abus sexuels (risque accru de 65 %) et chez celles exposées à plus d’un type de traumatisme (risque accru de 66 à 93 %).

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Source : Harvard/MayoClinic

Comment expliquer ce lien ?

Démêler la responsabilité de ces traumatismes dans le développement de la SEP reste difficile, dans la mesure où il existe de nombreuses causes possibles de la maladie. Un manque de vitamine D, trop de pollution, des régimes alimentaires ultra-transformés, la génétique et des infections virales courantes peuvent en effet être des déclencheurs. Les femmes ayant des antécédents de traumatismes étaient aussi plus souvent fumeuses ou en surpoids. Or, il s’agit de facteurs de risque connus de la SEP, ce qui complique également le tableau.

Toutefois, une façon d’interpréter ces résultats pourrait être que les traumatismes de l’enfance pourraient exacerber le risque de SEP chez les personnes présentant une susceptibilité sous-jacente à la maladie. Un ou plusieurs traumatismes et le stress qui en résulte pourraient en effet perturber encore davantage le système immunitaire, plongeant le corps dans un état accru d’inflammation susceptible de favoriser la déclaration de la maladie.

Si tel est le cas, cette recherche suggère que nos jeunes années peuvent être une fenêtre critique, quels que soient les facteurs de risque en jeu.

À noter tout de même qu’il ne s’agit que d’une étude observationnelle qui n’établit pas de lien de cause à effet direct. De plus, les chercheurs ne disposaient d’aucune information sur la durée des traumatismes déclarés ni sur le soutien émotionnel dont les femmes concernées pouvaient profiter de la part de la famille ou des amis. Néanmoins, étant donné le fardeau mondial croissant de la SEP et des impacts des traumatismes infantiles sur la vie adulte, l’étude justifie certainement une enquête plus approfondie sur les liens entre les deux.