Les épaulards mâles sont plus susceptibles de mourir s’ils ne sont pas au centre de leur groupe social, révèle une récente étude. Des chercheurs ont en effet constaté que les mâles les plus isolés sur le plan social étaient trois fois plus susceptibles de mourir chaque année que ceux « positionnés » au centre de leur groupe.
Comme pour l’Homme, chez de nombreuses espèces animales, la survie et le succès des individus dépendent de la qualité et de l’intensité de leurs liens sociaux. Se sentir « exclu » peut donc rapidement devenir une cause de souffrance interne qui peut être dévastatrice. C’est notamment le cas chez les orques, et plus particulièrement, chez les mâles. Des biologistes marins des universités d’Exeter et de York (Royaume-Uni) et du Center for Whale Research (États-Unis) ont en effet constaté que les mâles les plus isolés sur le plan social étaient trois fois plus susceptibles de mourir chaque année que ceux dont les positions sociales étaient les plus centrales. Une observation d’autant plus forte lorsque la nourriture commence à se faire rare.
Ces résultats, publiés dans les Actes de la Royal Society B, proviennent d’une recherche menée sur les épaulards résidents du sud, une population en danger critique retrouvée dans l’océan Pacifique qui ne compte aujourd’hui plus que 76 individus. Victimes des composés chimiques toxiques tels que les composés organochlorés déversés dans les océans, ces animaux sont en effet exposés depuis quelques années aux maladies et aux difficultés de reproduction. La pollution de l’eau touche également les espèces dont l’épaulard se nourrit, notamment le saumon, contribuant ainsi à la réduction de l’approvisionnement en nourriture. Ainsi, les difficultés sont déjà présentes, et les derniers survivants ont plus que jamais besoin de liens sociaux pour prospérer.
Les temps sont durs pour ces épaulards. Il semblerait d’ailleurs que les mâles soient les plus touchés, ces derniers, plus imposants, ayant besoin de beaucoup plus de nourritures que les femelles. « Cette recherche souligne ici l’importance des liens sociaux pour les mâles et montre que les plus isolés sont plus susceptibles de mourir lorsque les temps sont durs », explique le Dr Samuel Ellis, de l’Université d’Exeter, et principal auteur de cette étude. « Les épaulards sont très coopératifs, et les mâles au centre d’un groupe social ont probablement un meilleur accès à l’information sociale et aux possibilités de partage des aliments ».
Ces animaux étant gravement menacés, cette recherche nous permet ici de saisir l’importance de considérer les positions sociales et les liens familiaux au sein de ces populations. Des recherches antérieures ont montré que la sociabilité pouvait influer sur l’espérance de vie humaine ; il s’agit ici de la première étude à montrer que cette « position sociale » peut également influer sur l’espérance de vie d’animaux « non humains ».
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