Dans le cadre d’une étude récemment menée en Israël, des
chercheurs ont observé la façon dont le microbiote intestinal
pouvait interagir avec l’agressivité. Les meneurs de ces recherches
ont fait une découverte assez étonnante qui remet notamment en
cause l’exposition des nouveau-nés aux
antibiotiques.
Une hausse de l’agressivité observée chez des souris
Le microbiote intestinal est le plus important microbiote du corps humain. Il joue un rôle crucial pour la santé et regroupe des milliers de milliards de micro-organismes qui vivent principalement dans les intestins. En symbiose avec l’organisme, il fait de temps à autre l’objet d’études. En 2021 par exemple, des neurologues britanniques avaient suggéré la transplantation de microbiome dans le but de réduire les effets de l’âge sur le cerveau. Récemment, des chercheurs de l’Université Bar-Ilan (Israël) ont affirmé avoir observé un lien entre des perturbations du microbiote intestinal suite à la prise d’antibiotiques et une hausse de l’agressivité. Les résultats de ces recherches seront publiés dans le volume 122 de la revue Brain, Behavior, and Immunity en novembre 2024.
Les auteurs ont ici examiné l’expression génétique en lien avec la sérotonine et d’autres récepteurs de neurotransmetteurs dans plusieurs régions du cerveau. Cela a permis d’identifier le septum pellucidum comme étant une région cérébrale importante pour la régulation de l’agression. De plus, la transplantation de microbiome fécal de nourrissons (ou microbiote infantile) exposé aux antibiotiques en début de vie a donné des résultats étonnants sur des souris. En effet, il est question d’une augmentation de l’agressivité chez ces rongeurs, en comparaison avec d’autres ayant reçu des transplantations de nourrissons non exposés aux antibiotiques.

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Crédits : iLexx / iStockUn rôle important dans l’intensité de l’agressivité
« Nous avons démontré que le microbiote infantile, perturbé dans les 48 premières heures de vie, a une signature durable jusqu’à l’âge d’un mois et qui, une fois transplanté chez des souris GF, entraîne une agressivité accrue », peut-on ainsi lire dans l’étude.
Selon les responsables de l’étude, ces résultats mettent en évidence le rôle du microbiome intestinal dans la variation de l’agressivité en termes d’intensité. Or, il est question d’un lien entre une augmentation de l’agressivité et un épuisement du microbiome intestinal. Par ailleurs, les chercheurs ont noté des changements notables dans l’expression des gènes cérébraux et dans les profils des métabolites urinaires.
Les résultats de ces travaux ouvrent également la porte vers l’exploration de solutions, à savoir le développement de stratégies thérapeutiques pour les troubles en lien avec l’agressivité. De plus, ces recherches questionnent aussi les risques que comporte l’utilisation d’antibiotiques chez les nouveau-nés.