Des drones « tueurs » autonomes déployés pour la première fois en Libye

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Crédits : StockSnap/pixabay

Des drones militaires pourraient avoir attaqué des humains de manière autonome pour la première fois l’année dernière, selon un rapport de l’ONU. Tous les détails de l’incident n’ont pas été divulgués, et l’on ignore encore s’il y a eu des victimes. Néanmoins, pour certains experts, il devient urgent de réglementer ces armes autonomes létales.

Selon un rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la Libye datant du 8 mars dernier, des drones armés de type Kargu-2 auraient été déployés pour la première fois en Libye, en mars 2020, lors d’un conflit opposant les armées du gouvernement national (NGA) aux troupes du maréchal Khalifa Haftar, un chef militaire rebelle à la tête de l’Armée nationale libyenne.

Des attaques en mode autonome

Des drones, on s’en sert aujourd’hui beaucoup pour prendre des photos, faire des vidéos, ou pour livrer des colis. Le modèle Kargu-2, de fabrication turque (société STM), est de son côté utilisé depuis plusieurs années pour des opérations antiterroristes.

Lors de ces attaques, ces machines auraient été programmées selon un mode bien précis permettant d’attaquer des cibles « sans avoir besoin de connexion entre l’opérateur et les munitions », précise le rapport présenté au Conseil de sécurité de l’ONU, marquant ainsi l’avènement de l’ère des drones tueurs qui n’ont plus besoin de l’Homme pour appuyer sur la gâchette.

«On savait que la technologie existait, mais on se demandait qui allait l’utiliser en premier sur le champ de bataille», note David Dunn, spécialiste de l’utilisation militaire des drones à l’Université de Birmingham, interrogé par France 24.

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Le drone Kargu-2 de la société turque STM peut voler jusqu’à 2 800 mètres d’altitude pendant 30 minutes, selon son fabricant. Source : Capture d’écran d’une vidéo YouTube

Même si les Kargu-2 sont a priori capables de voler et tuer sans la moindre intervention humaine, rien ne dit qu’ils sont réellement passé à l’acte dans le rapport. Certains journaux, comme le New York Post, soulignent que l’un de ces drones aurait toutefois traqué une cible humaine avant de lui tirer dessus.

L’incident a de quoi alarmer les experts, puisqu’il pourrait s’agir de la toute première attaque sans instruction de drone sur un humain, relève Zak Kelleborn, consultant spécialiste des systèmes sans équipage. Interrogé par NewScientist, il s’interroge. «À quel point ce système de ciblage est-il efficace ? À quelle fréquence se trompe-t-il de cible ?»

Pour Jack Watling, chercheur en opérations militaires au Royal United Services Institute (RUSI), cet incident démontre «l’urgent et important » besoin de débats autour de la régulation des armes autonomes.