L’humanité a peut-être mené son tout premier combat dans l’espace. Au début de la semaine dernière, le système de missile israélien Arrow 2 aurait en effet intercepté et détruit un missile balistique suborbital soupçonné d’être lancé depuis le Yémen. Le missile, apprend t-on, aurait évolué en dehors de l’atmosphère terrestre.
Le système Arrow de nouveau en action
Un missile sol-sol est un type de missile conçu pour être lancé depuis une plateforme terrestre (comme une base militaire) en direction d’une cible terrestre située à une distance variable. Ces missiles peuvent avoir diverses fonctions, telles que la livraison de charges explosives pour attaquer des cibles ennemies, le transport de têtes nucléaires, ou encore le lancement de missiles de croisière pour des frappes de précision.
Cela étant dit, le système Arrow 2 est un système de défense antimissile balistique développé par Israël en collaboration avec les États-Unis. Son histoire remonte à la guerre du Golfe de 1991. À l’époque, les villes israéliennes avaient été confrontées à la menace des missiles Scud irakiens. La situation avait alors conduit Tsahal à créer l’organisation Homa (« Fortification »), visant à créer un système de défense antimissile efficace pour la nation.
Ce système est essentiellement conçu pour intercepter et détruire des missiles balistiques entrants, y compris des missiles de moyenne portée, afin de protéger Israël contre les menaces potentielles. L’une de ses caractéristiques importantes est sa capacité à intercepter des missiles balistiques à très haute altitude, ce qui le distingue des systèmes de défense antimissile conçus pour opérer dans l’atmosphère terrestre.
Le 31 octobre dernier, les Forces de défense israéliennes (FDI) auraient usé de ce système de défense pour la seconde fois en 25 ans pour abattre un missile balistique de fabrication iranienne, rapporte Haaretz. Les rebelles Houthis yéménites pro-palestiniennes, à l’origine du tir, aurait ciblé Eilat, une ville israélienne située sur la côte de la mer Rouge. Le missile détruit était un Qadar, une version améliorée du missile Shahab 3.
Une interception dans l’espace
Selon The Telegraph, le missile a parcouru près de 1 600 kilomètres, ce qui est considérable, avant que le système de défense antimissile ne l’abatte. Les détails de l’incident sont peu nombreux, mais ce dernier se serait produit au-dessus de la limite officielle de l’espace, connue sous le nom de ligne Kármán, à 100 kilomètres au-dessus de la Terre.
On recense de nombreux cas antérieurs d’interceptions de missiles au-dessus de cette frontière de l’espace, selon l’astronome Jonathan McDowell, du Harvard-Smithsonian. Cependant, tous les cas précédents impliquaient des intercepteurs ciblant des missiles lancés par la même partie à des fins de tests. Il s’agit ici de la première occurrence d’un missile interceptant avec succès un missile entrant d’un adversaire dans l’espace. Autrement dit, il s’agirait du tout premier combat militaire dans l’espace.
Pour rappel, le Traité sur l’espace extra-atmosphérique (OST) interdit le placement d’armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive dans orbitent autour de la Terre, sur des corps célestes ou les stationner dans l’espace. Cependant, il n’interdit pas explicitement les armes conventionnelles et ne traite pas non plus de l’interception de missiles dans l’espace. En conséquence, la destruction d’un missile balistique conventionnel par le système Arrow, même si elle se produit au-dessus de la ligne Kármán, ne semble pas enfreindre les règles.