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L’homme qui produisait « de la bière » dans ses intestins !

ventre bière
Crédits : iStock

Il y a bientôt une dizaine d’années, un Américain avait été admis aux urgences pour un fait extrêmement rare. En effet, les médecins avaient révélé chez le patient un taux d’alcoolémie de 3,7 g/l de sang, alors que ce dernier jurait ne pas avoir bu une seule goutte d’alcool. Retour sur ce cas incroyable qui a fait l’objet de recherches.

En fin d’année 2009, un homme de 61 ans vivant au Texas (États-Unis) se présente à l’hôpital. Celui-ci raconte être pris d’importants vertiges, ce qui est symptomatique d’une consommation excessive d’alcool. L’éthylomètre est d’ailleurs formel : le patient a 3,7 g/l d’alcool dans le sang, ce qui est sept fois la dose légale pour conduire en France. Or il s’avère que l’homme n’a pas bu une goutte d’alcool !

Logiquement, le personnel de l’hôpital doute de la véracité des propos du patient, mais sa femme – infirmière de profession – soutient son mari et confirme sa non prise d’alcool. Les médecins apprennent par la suite que l’intéressé avait subi une opération du pied l’ayant contraint au suivi d’un traitement antibiotique. L’homme a déclaré qu’après cela, deux verres d’alcool suffisaient à le rendre malade, et que la sensation d’ébriété se faisait sentir même sans avoir bu d’alcool.

La solution est venue de la femme du patient, qui a indiqué avoir fait quelques recherches et a avancé le terme de « syndrome de fermentation intestinale », une maladie très rare et pour le coup, très peu documentée. Ce trouble est également nommé « syndrome d’auto-brasserie ». En 2010, le patient est invité a participer à une expérience dont les détails ont été publiés en 2013 dans l’International Journal of Clinical Medicine.

Le patient a été placé dans une chambre durant une journée entière, sans avoir droit aux visites et après une fouille minutieuse de ses affaires. Celui-ci a reçu durant l’expérience une alimentation riche en sucres, et son taux d’alcoolémie a été vérifié toutes les deux heures par un éthylomètre. Selon les résultats, le taux d’alcool a atteint jusqu’à 1,2 g/l.

Les chercheurs ont procédé à des prélèvements dans ses intestins. Ceux-ci ont attesté la présence d’une levure, la Saccharomyces cerevisiae, un champignon unicellulaire très connu pour être utilisé par les boulangers pour faire lever le pain et par les brasseurs pour alcooliser la bière !

Selon les meneurs de l’étude, le traitement que le patient a reçu après son opération du pied a eu raison d’une partie de sa flore intestinale, qui n’a alors pas fait son travail d’élimination de la levure qui en a profité pour coloniser les lieux. Ainsi, à chaque fois que l’homme consommait du sucre, les levures transformaient le glucose en éthanol pour produire l’énergie nécessaire à leur métabolisme. Le patient a été guéri grâce à une absence de sucres dans son alimentation durant six semaines, et la prise régulière d’un anti-fongique.

Sources : Futura Sciences – Doctissimo

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Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.