Le pari était risqué : deux études récentes et audacieuses ont permis à des patients en l’attente d’une transplantation de rein de recevoir un nouvel organe… infecté par l’hépatite C. Les résultats sont très positifs bien qu’inattendus.
Rien qu’aux États-Unis, plus de 100 000 personnes attendent de recevoir une transplantation de rein. Les listes d’attente sont longues et jusqu’à présent, les reins infectés par l’hépatite C n’étaient a priori pas viables pour être transplantés (à juste titre). Deux études récentes menées aux États-Unis en 2016 ont pourtant permis à vingt patients en attente de se voir transplanter un organe infecté. Le pari était risqué pour eux et fut pourtant payant. Ces derniers ont en effet contracté la maladie, mais ont par la suite pu battre l’infection grâce à un traitement antiviral. Ainsi, ces nouveaux résultats pourraient offrir de nouveaux espoirs aux centaines de milliers de patients inscrits sur des listes de donations d’organes à travers le monde.
« Nous avons entamé ces études dans l’espoir que si nous réussissions, nous pourrions ouvrir un tout nouveau bassin d’organes donneurs et transplanter effectivement des centaines, sinon des milliers de patients qui attendent un nouvel organe », explique David S. Goldberg, de l’Université de Pennsylvanie, spécialiste de la greffe de foie. « Historiquement, les reins infectés par l’hépatite C ont souvent été jetés, jugés trop “endommagés” ou trop “à risque”. Nos données pilotes démontrent pourtant la capacité de nos patients à guérir de ce virus contracté suite à une transplantation ».
Au départ, les chercheurs se sont approchés de 38 patients rénaux en dialyse. Une fois leur famille informée de la procédure et de ses risques, 14 ont donné leur consentement, 10 étant sélectionnés pour recevoir des reins infectés. L’un d’entre eux, Irma Hendricks, explique avoir tenté le tout pour le tout et préférant se battre contre l’hépatite C plutôt que de subir la dialyse. Comme tous les autres patients, Irma a contracté l’hépatite suite à la transplantation, mais a finalement pu guérir douze semaines plus tard grâce à une médication. « Je me sens aussi bien qu’il y a dix ans », s’est réjoui l’un des patients, Kiran Shelat. « J’ai beaucoup d’énergie, je dors mieux et ma vision de la vie s’est nettement améliorée ».
Dans un essai similaire, mais distinct impliquant dix patients à l’Université John Hopkins, le traitement antiviral a également réussi à éradiquer le virus chez tous les participants. Les résultats ne sont que préliminaires pour le moment, mais les chercheurs sont optimistes. Si des études plus larges peuvent confirmer ces résultats, cela pourrait signifier que des centaines de reins infectés par l’hépatite C pourraient être utilisés dans des transplantations à l’avenir.