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L’ex-ouragan Ophelia se déchaîne sur l’Irlande

Ophélia a finalement été déclassé du statut de phénomène tropical et placé en statut post-tropical par le National Hurricane Center à seulement 600 kilomètres au large du pays, ce qui est probablement un record de proximité… La perturbation a toutefois continué de propager ses vents violents vers le nord, en concernant principalement l’Irlande. Les rafales mesurées ont localement dépassé les 180 km/h et provoqué, sans surprise, de nombreux dégâts et coupures de courant. Trois personnes seraient décédées selon un bilan provisoire.

Après s’être rapproché anormalement près de l’Europe en statut de phénomène tropical, l’ouragan Ophelia a fini par s’abîmer en interagissant avec la circulation typique de nos latitudes, comme cela était attendu. L’ex-ouragan a néanmoins continué de générer des vents tempétueux, alimentés par l’énergie libérée lors de son « baptême » extratropical (voir plus bas) en causant des dégâts sur une partie du Royaume-Uni. À l’heure actuelle, on a pu relever des rafales jusqu’à 190 km/h au large de l’Irlande (à Fastnet Rock). A Cork, une portion du toit d’un stade de football s’est effondrée sous la force du vent et le toit d’une école a également été projeté dans les airs comme en témoignent les photos suivantes. D’un point de vue plus général, les rafales dépassent facilement les 100 à 150 km/h suivant les endroits avec de nombreux arbres couchés ou des toitures abîmées. Les écoles et de nombreux autres services publics ont été fermés face à ces conditions particulièrement dangereuses. Plusieurs centaines de milliers de foyers sont actuellement privés d’électricité et l’on dénombre malheureusement des morts (3 selon un bilan provisoire de la police irlandaise). La majeure partie de l’Irlande est actuellement placée en vigilance rouge vent violent.

 

Source : twitter @Independent_ie & @NadineORegan

L’image ci-dessous est une image satellite de ce lundi 16 octobre dans le canal vapeur d’eau, elle permet d’estimer le contenu en vapeur d’eau de la moyenne et haute troposphère (environ 5 à 10 km d’altitude). Les zones blanches sont riches en vapeur d’eau ou signalent la présence de nuages, les zones sombres ont un contenu faible en vapeur d’eau.

Source : Dundee SRS.

L’enroulement sombre visible au sud-ouest de l’Irlande signale l’intrusion d’air très sec venu de la haute atmosphère, dont une partie provient certainement de la basse stratosphère. Celui-ci s’engouffre en spirale autour de l’alimentation chaude et humide venue des tropiques (matérialisée par la spirale blanche) et fait partie d’un processus d’intensification non-tropical que l’on retrouve fréquemment dans les « bombes » dépressionnaires ; les dépressions qui connaissent une phase de renforcement très rapide. C’est par ce processus que l’ex-Ophelia a pu maintenir de forts vents voir même se renforcer temporairement.

Pour finir, le diagramme ci-dessous retrace la vie et les différents visages thermiques de ce système, initialement à cœur froid, développant par la suite une organisation tropicale à coeur chaud puis la perdant progressivement en remontant vers le nord. Le point de départ se situe au point A et le diagramme se parcours le long de la ligne vers le point final, Z (qui est la prévision à 42h). Les ronds indiquent, par leur couleur, la pression au centre du système et par leur largeur, la taille du rayon des vents violents (les légendes sont à droite). On distingue une ré-intensification temporaire au point C avec une baisse de la pression centrale. Une fois cette cure de jouvence terminée, la dépression va aller se perdre au sud de la Norvège, affaiblie, en y occasionnant un passage perturbé assez classique.

Source : https://moe.met.fsu.edu

Avec Monsieur Météo

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Rédigé par Raphaël Rezvanpour