L’évolution génomique des venins de serpent mise à jour !

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D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les morsures de serpent seraient responsables de la mort de 81 000 à 138 000 personnes ! La dangerosité des venins peut être plus ou moins variable entre les espèces, mais aussi entre les différentes générations. Les biologistes ont tout d’abord attribué à ces variations les conséquences de la sélection naturelle, mais de nouvelles découvertes viennent aujourd’hui remettre en cause cette théorie : l’intensité des venins de serpent ne serait pas que d’origine évolutive, elle dépendrait d’un équilibre protéique interne unique à chaque individu ! 

Certaines morsures de serpent provoqueront chez la victime une perte de motricité passagère ou permanente, tandis que d’autres en engendreront la mort directe. Ces différents effets dépendent de la composition du venin injecté. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Genome Biology and Evolution, le biologiste Alexander Mikheyev nous informe de l’origine de ces variations inter et intraespèces.

En séquençant le génome du Protobothrops mucrosquamatus et du Protobothrops elegans, deux espèces différentes de serpents appartenant toutes deux au même genre et en provenance du même habitat (Okinawa-Japon), le scientifique a pu mettre en lumière le trajet évolutif des venins de ces deux types serpents. Près de trente spécimens furent mis à l’étude pour obtenir une carte génétique de l’intégralité des gènes intervenant dans la production du venin de serpent.

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Alexander Mikheyev et son équipe ont découvert une certaine redondance dans la composition des venins des différents sujets. Mais à leur grande surprise, les différences interespèces et intraespèces présentes concernaient les protéines exprimées ! Un système de compensation s’était mis en place entre les protéines ainsi que parmi les différentes molécules responsables des effets physiologiques provoqués chez la victime. Quand un composant n’est plus effectif ou qu’il n’est plus exprimé, une autre protéine prend le relais !

Le venin d’un serpent détient donc des molécules et des protéines à la fois bénéfiques et inefficaces à sa survie qui se transmettent aléatoirement au fil des générations, conférant des différences de composition intraespèces qui n’altèrent pas forcément la fonction du venin.

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