L’évolution du cheval remise en question par une étude

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Comment expliquer le rapide succès évolutif des chevaux au cours de ces 18 derniers millions d’années ? Selon une étude récente publiée dans Science par une équipe de paléontologistes espagnols et argentins et leur collègue Juan Cantalapiedra du Humboldt Museum (Allemagne), cela est lié à une modification des environnements et des écosystèmes.

Les chercheurs ont longtemps spéculé sur le succès évolutif des chevaux au cours de ces 18 derniers millions d’années. Le point de vue classique suggère que les chevaux auraient évolué plus rapidement lorsque les prairies sont apparues à cette même période comme en témoignent les dents des chevaux qui sont devenues plus résistantes à l’usure à mesure que le temps passait avec un régime dominé par l’herbe qui tapissait les prairies. Ils sont également devenus plus gros de manière à digérer plus facilement cette nourriture pauvre en qualité et plus imposants en réponse aux prédateurs dans ces nouveaux habitats ouverts. Il semblerait pourtant que cette hypothèse soit remise en question.

Et si les dents et le corps des chevaux n’avaient pas évolué aussi rapidement qu’on le pensait ? Une équipe de chercheurs a analysé 140 espèces de chevaux (la plupart éteintes) en synthétisant des décennies de recherches sur l’histoire des fossiles de ce groupe populaire des mammifères. Selon ces résultats, ces changements évolutifs auraient pu être beaucoup plus lents. Toutes ces espèces de chevaux nouvellement évoluées étaient en effet écologiquement très semblables. Ainsi, plutôt que d’une multiplication des rôles écologiques, les nouveaux résultats suggèrent que des facteurs externes tels que l’hétérogénéité croissante de l’environnement aient été la principale force évolutive des chevaux.

En 18 millions d’années, les dents des chevaux et la taille de leur corps sont donc restées remarquablement similaires. En utilisant des modèles informatiques, les chercheurs ont été en mesure de déterminer où les « éclats » de spéciation — l’apparition de nouvelles espèces — se sont produits au cours de ces derniers millions d’années. Trois périodes semblent été charnières, la première se produisant en Amérique du Nord il y a entre 15 et 18 millions d’années. Deux autres rafales ont eu lieu « lorsque les changements du niveau de la mer ont permis la migration des chevaux vers l’Eurasie et l’Afrique il y a 11 et 4 millions d’années », explique María Teresa Alberdi, du Musée national des sciences naturelles en Espagne.

À ces périodes, « de nouvelles espèces sont apparues très rapidement », concluent les chercheurs, « mais sans montrer des changements dramatiques dans l’apparence ». Un constat qui suggère que pendant les périodes de spéciation rapide, l’environnement était si vaste et si riche qu’il n’y avait tout simplement pas assez de concurrence pour conduire à une évolution de caractères adaptatifs.

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