En cas de tempête solaire d’une ampleur similaire à celle de 1859 (événement de Carrington), le monde serait complètement paralysé en moins d’une journée. Depuis quelques années, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) prépare un plan d’urgence pour le continent en cas de besoin. Par ailleurs, ces recherches sont crédibles, au regard de l’activité intense du Soleil durant ces derniers mois.
Simuler une éruption solaire de classe X45
Rappelons tout d’abord que les tempêtes solaires se produisent lorsque le Soleil génère d’immenses projections de plasma et ce, à des vitesses défiant la raison – environ 3 millions de km/h. Ces Éjections de Masse Coronale (EMC) frappent ensuite le champ magnétique de notre planète, ce qui donne notamment lieu à des aurores boréales (ou polaires). Néanmoins, ces EMC peuvent aussi se montrer très dangereuses pour les infrastructures terrestres, en provoquant d’énormes surtensions capables de venir à bout des installations électriques, des appareils électroniques mais également, de porter atteinte à l’intégrité des satellites.
A Darmstadt (Allemagne), le Centre des Opérations de l’Agence Spatiale Européenne (ESOC) effectue depuis plusieurs années des simulations et ce, avant chaque lancement de satellite. Il s’agit de répéter les premiers instants de ces appareils dans l’espace et de se préparer à de potentielles anomalies. En ce moment, les équipes se focalisent sur les simulations du satellite Sentinel-1D, dont le lancement doit se produire le 4 novembre 2025.
Comme l’expliquait un communiqué de l’ESA du 15 octobre 2025, l’un des scénarios évoqués lors de ces simulations n’est autre que « l’événement de Carrington » de 1859, la plus forte tempête géomagnétique jamais enregistrée (de classe X45). Il est ici question d’une série d’éruptions solaires ayant à l’époque produit de très nombreuses aurores polaires visibles jusque dans certaines régions tropicales mais également, perturbé gravement les télécommunications par télégraphe électrique. Aujourd’hui, un tel événement serait une véritable catastrophe pour la planète entière.

Source : ESA
Tenter d’éviter un chaos électromagnétique mondial
L’une des principales préoccupations de l’ESA est la présence en orbite de milliers de satellites. Selon Thomas Ormston, directeur adjoint des opérations spatiales de Sentinel-1D, il n’existe aucune solution miracle pour faire face à une tempête solaire de l’ampleur de l’événement de Carrington. L’objectif des équipes au sol serait de tenter de préserver les satellites et limiter les dégâts autant que possible. Or, il s’avère que cette tâche est très difficile, dans la mesure où une éruption solaire de classe X45 se caractérise par des rayonnements X et ultraviolets susceptibles de perturber les données radar, de communication et de GPS après seulement huit minutes environ.
Les tests réalisés par l’ESA ont donc pour objectif d’évaluer la capacité des équipes à réagir sans navigation par satellite, en cas de graves perturbations électroniques. En réagissant le plus rapidement possible aux premiers signes d’une éruption de classe X45, les opérateurs de l’ESA seraient en mesure de placer les satellites dans un « état de sommeil » mais aussi, de prévenir rapidement les opérateurs civils afin de faire en sorte que les surtensions ne fassent pas tomber les réseaux. Cependant, il s’agira simplement de gagner un peu de temps pour éviter un chaos électromagnétique mondial mais en réalité, rien ne peut réellement nous protéger face à une éruption d’une telle ampleur.
