L’Europe prend les choses en main et ira chercher la vie sur Mars

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Illustration du rover ExoMars débarquée sur la planète rouge depuis sa plateforme. Crédits : ESA

Les différents états membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) viennent de voter un budget d’environ 17 milliards d’euros pour les trois prochaines années, ce qui représente une hausse de 17 % par rapport aux trois années précédentes. Parmi les différents projets qui pourront être financés figure la mission ExoMars, qui prévoit de chercher la vie sur la planète rouge au moyen d’un rover. L’Europe, qui dépendait jusqu’à présent de la Russie, a décidé de prendre les choses en main et d’y aller seule.

Cette nouvelle enveloppe permettra à l’ESA de financer ses différents programmes d’exploration spatiale, ses missions d’observation de la Terre (2,7 milliards), ou encore de poursuivre le développement de ses nouveaux lanceurs Ariane-6 et de Vega-C. La hausse de ce budget, qui reste malgré tout en deçà des 18,5 milliards qui étaient demandés par le directeur général de l’agence, vise à s’aligner sur l’inflation, mais aussi et surtout à se positionner aux côtés des États-Unis et de la Chine comme une grande puissance spatiale. L’Allemagne, la France et l’Italie restent les principaux contributeurs de l’ESA (près de 60 % de son financement global).

Au cours de cette réunion, les représentants des états membres ont également statué sur le sort du rover Rosalind Franklin, développé spécialement pour forer la surface de Mars et rechercher des signes de vie, passée ou présente. Sur ce point, l’Europe a décidé de prendre les choses en main.

Une histoire chaotique

La NASA et l’ESA avaient convenu de développer conjointement le projet dès 2009. Malheureusement, les États-Unis se sont retirés trois ans plus tard, invoquant la nécessité de couvrir les dépassements de coûts du James Webb Telescope.

Dès lors, l’Europe s’est tournée vers la Russie qui devait alors fournir le lanceur et le module de descente pour transporter le rover jusqu’à la surface martienne. Initialement, la mission devait être lancée en 2020 en même temps que Perseverance. Finalement, des problèmes techniques liés au système de parachutes (sans compter la pandémie de Covid) ont retardé le lancement de deux ans. La guerre en Ukraine a ensuite accentué le problème.

En juillet dernier, l’ESA a ainsi déclaré qu’elle mettait « officiellement » fin aux travaux avec la Russie sur le projet. Dès lors, on ignorait ce qu’il allait advenir du rover. Certains pensaient même qu’il finirait dans un musée. Après réflexion, les ministres ont finalement décidé d’investir des centaines de millions d’euros supplémentaires pour que l’Europe développe son propre module d’entrée, de descente et d’atterrissage.

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Illustration du rover européen de la mission ExoMars 2022. Crédits : ESA

La NASA revient également dans la partie et devrait fournir le lanceur, un moteur pour le module de descente à poussée réglable, ainsi que des unités de chauffage radioactives. L’ESA ne paiera rien à la NASA à proprement parler, mais l’agence proposera plusieurs de ses services en échange. Il sera notamment question de mettre à disposition des américains un Airbus Beluga capable de transporter de grandes cargaisons.

La mission a désormais une date de lancement : 2028 au plus tôt, ce qui est une excellente nouvelle. À l’heure actuelle, la seule fusée américaine disponible capable de lancer cette mission est le Falcon Heavy de SpaceX.