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L’été meurtrier : la chaleur a tué beaucoup plus de monde en 2024 – voici le nombre de victimes estimé

Une nouvelle étude parue dans Nature Medicine dévoile des données troublantes sur l’impact mortel de la chaleur estivale en Europe. Alors que 2024 bat tous les records de températures, les scientifiques de Barcelone ont comptabilisé un bilan humain considérable qui dépasse largement les estimations officielles. Ces révélations soulèvent des questions cruciales sur notre capacité d’adaptation face à un climat qui s’emballe.

Un bilan humain plus lourd que les apparences

L’Institut pour la Santé Mondiale de Barcelone a publié son rapport annuel sur la mortalité liée aux fortes chaleurs, devenu une référence depuis le début des années 2020. Les résultats de 2024 dessinent un tableau préoccupant : près de 63 000 décès auraient été causés par les températures excessives à travers le continent européen.

Cette estimation place l’été 2024 dans une position intermédiaire par rapport aux années précédentes. Si le bilan reste inférieur à celui de 2022, année particulièrement meurtrière avec environ 68 000 victimes, il dépasse nettement celui de 2023 qui avait enregistré approximativement 51 000 décès.

Pourtant, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence. Les chercheurs reconnaissent volontiers les limites de leur méthodologie, proposant une fourchette d’incertitude particulièrement large : entre 35 000 et 85 000 décès potentiellement liés à la chaleur.

L’Europe, laboratoire du réchauffement climatique

Cette mortalité s’inscrit dans un contexte climatique sans précédent. L’été 2024 a officiellement été déclaré le plus chaud jamais enregistré sur le continent européen, confirmant une tendance lourde qui fait de l’Europe la région du monde connaissant le réchauffement le plus rapide.

Cette accélération du changement climatique transforme progressivement les étés européens en véritables épreuves de survie pour les populations les plus vulnérables. Les canicules, autrefois exceptionnelles, deviennent des événements récurrents que les systèmes de santé publique peinent à anticiper.

Quand la chaleur devient invisible mais mortelle

Contrairement aux idées reçues, la majorité des décès liés à la chaleur ne résultent pas de déshydratations spectaculaires ou de coups de chaleur immédiats. Les températures excessives agissent plutôt comme un amplificateur silencieux de pathologies préexistantes.

Les systèmes cardiovasculaires, déjà fragilisés par l’âge ou la maladie, supportent difficilement le stress thermique prolongé. Les troubles respiratoires s’aggravent dans un air surchauffé et souvent pollué. Le diabète devient plus difficile à réguler, tandis que certaines pathologies psychiatriques peuvent s’exacerber sous l’effet de la chaleur.

Cette multiplicité des mécanismes explique en partie pourquoi les estimations restent si difficiles à établir avec précision.

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Une géographie inégale de la vulnérabilité

L’analyse géographique révèle des disparités marquées à travers l’Europe. L’Italie et l’Espagne ont payé le tribut le plus lourd en valeur absolue, avec respectivement entre 14 000 et 24 000 décès pour la première, et entre 5 000 et 8 500 pour la seconde.

Cependant, rapportés à la taille de leur population, ce sont la Grèce et la Bulgarie qui affichent les taux de mortalité les plus préoccupants, suggérant des vulnérabilités particulières liées aux infrastructures sanitaires, à la démographie ou aux conditions socio-économiques.

Un défi sanitaire croissant

Malgré les incertitudes méthodologiques, cette étude confirme que la chaleur estivale constitue désormais un enjeu majeur de santé publique en Europe. Les dizaines de milliers de victimes annuelles imposent une réflexion urgente sur nos stratégies d’adaptation et de prévention face à un climat qui continue de se réchauffer.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.