Les voitures électriques (production comprise) émettent-elles plus de CO2 que les voitures « ordinaires » ?

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Une étude confirme que dans 95 % des pays du globe, les voitures électriques émettent moins de gaz à effet de serre que les véhicules à essence ou diesel, et ce, même si leur production implique toujours des combustibles fossiles.

De plus en plus de voitures électriques sont vendues chaque année dans le monde, notamment en Scandinavie, en Chine, au Japon ou encore dans l’État américain de Californie. La France est quant à elle un peu en retard, mais suit une progression régulière dans le nombre d’immatriculations (70 519 en 2020 contre seulement 2 626 en 2011).

La promesse de ces voitures électriques est de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. En ce sens, l’électrification du transport routier de passagers figure en bonne place dans les cadres politiques actuels. Toutefois, les véhicules électriques émettent-ils vraiment moins de CO2 que les voitures thermiques ? Depuis plus d’une décennie, des chercheurs du monde entier en débattent, sans arriver à se mettre d’accord.

De nouvelles recherches, publiées dans la revue Nature, vont en revanche dans le sens de l’électrique.

La voiture électrique globalement moins polluante

Cette étude confirme que si ces véhicules ne sont pas effectivement complètement « propres », au moins en ce qui concerne les émissions, les voitures électriques sont presque toujours moins polluantes que les thermiques.

Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs des Universités de Nimègue (Pays-Bas), d’Exeter et de Cambridge (Royaume-Uni) ont « divisé le monde » entier en 59 régions et constaté que dans 53 d’entre elles (95% de la masse continentale mondiale, y compris les États-Unis, la Chine et l’Europe), les voitures électriques sont déjà, à l’heure actuelle, moins émettrices que les alternatives aux combustibles fossiles.

Notez que l’étude a ici couvert l’ensemble de l’évaluation du cycle de vie des voitures, prenant ainsi en compte les émissions générées tout au long de la chaîne de production, ainsi que celles générées durant toute leur durée de vie.

Naturellement, il existe des différences substantielles entre les différents modèles de voitures. C’est d’ailleurs pourquoi il est si compliqué d’évaluer précisément la question, dans la mesure où de nombreux paramètres doivent être pris en compte. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs assurent avoir pris en considération l’ensemble du parc automobile actuel.

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Jusqu’à 70% moins polluantes dans certains pays

Dans certains pays, comme la Suède et le Danemark (qui tirent l’essentiel de leur électricité des énergies renouvelables) ou la France (nucléaire), les différences sont même frappantes. Dans ces trois pays, les voitures électriques émettent en effet 70% de moins de CO2 tout au long de leur durée de vie. Plus surprenant, il est également ressorti de cette étude que dans les pays qui s’appuient encore très largement sur les combustibles fossiles pour produire leur électricité, les véhicules électriques produisaient, là encore, moins d’émissions.

Au Royaume-Uni, par exemple, où les énergies renouvelables ne produisent qu’environ 20% de l’électricité du territoire, les émissions des voitures électriques restent encore 30% inférieures en moyenne. L’étude relève tout de même quelques exceptions. En Pologne, par exemple, où la production d’électricité est encore principalement basée sur le charbon, une voiture électrique n’est actuellement pas moins polluante qu’un véhicule « ordinaire ».

Aussi pour Jean-François Mercure, de l’Université d’Exeter et coauteur de l’étude, le constat est clair : les voitures électriques sont plus propres que les voitures à combustibles fossiles, et ce, même après avoir pris en compte le processus de production et l’ensemble du cycle de vie des véhicules.

L’étude prévoit également qu’en 2050, une voiture sur deux dans le monde pourrait être électrique. Si tel est le cas, cela réduirait les émissions mondiales de CO2 jusqu’à 1,5 gigatonne par an, ce qui équivaut au total actuel des émissions de CO2 de la Russie.