Les récentes analyses de carottes glaciaires au Groenland suggèrent que notre planète fut touchée par une tempête solaire exceptionnellement forte il y a un peu moins de 2 700 ans.
Notre Soleil est une étoile relativement calme comparée à d’autres, mais qui se laisse parfois aller à quelques fureurs. Ce fut notamment le cas, en 660 avant notre ère. Une équipe de géologues de l’Université suédoise de Lund, emmenée par Raimund Muscheler, annonce en effet avoir découvert des niveaux élevés d’isotopes de béryllium-10 et de chlore-36 intégrés dans d’anciennes carottes de glace du Groenland. Ces traces, disent-ils, témoignent d’une tempête stellaire exceptionnellement forte : un événement solaire à protons (ESP). Les détails de l’étude sont publiés dans les Actes de la National Academy of Sciences.
Notre technologie vulnérable
Les ESP surviennent parfois après une éruption solaire massive, ou une éjection de masse coronale. Des flux de particules (protons) sont alors projetés à grandes vitesses, imprégnant tout ce qui se trouve sur leur chemin. La Terre, par exemple. Ces particules interagissent alors avec notre atmosphère, dégradant temporairement la couche d’ozone. Les rayons ultraviolets de notre étoile profitent alors de cette brève « ouverture » pour s’engouffrer. La vie peut y survivre, en revanche, notre technologie actuelle pourrait ne pas être aussi résistante.
Une ESP suffisamment forte pourrait en effet « constituer une menace pour la société moderne en termes de systèmes de communication et de navigation, de technologies spatiales et d’exploitation d’aéronefs commerciaux », peut-on lire dans l’étude. Si un événement d’une même ampleur se produisait aujourd’hui, nos infrastructures technologiques seraient grandement affectées. Ces événements stellaires pourraient également potentiellement mettre en danger l’intégrité physique des astronautes à bord de l’ISS. On rappelle en effet que la station n’est pas protégée par l’atmosphère terrestre.

Des événements réguliers ?
Toujours est-il que ces événements laissent des traces. Le mélange de ces flux de protons avec notre atmosphère déclenche en effet des réactions qui augmentent le taux de production de radio-nucléides, notamment le carbone 14, le béryllium 10 et le chlore 36 (radionucléides). En général, les traces de carbone 14 peuvent être détectées dans les cernes des arbres, mais le béryllium-10 et le chlore-36 peuvent également imprégner les carottes glaciaires.
Trois événements de ce genre ont jusqu’à présent été repérés, les autres ayant eu lieu il y a 1 245 et 1 025 ans. Cette nouvelle découverte signifie que les ESP pourraient être plus régulières que nous le pensions – peut-être une fois tous les 1 000 ans. Mais nous manquons encore de preuves statistiques pour étayer cette hypothèse.
Source
Articles liés :