Les testicules masculins ont leur propre « microbiome »

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Les testicules sont-ils exempts de bactéries ? Il semblerait que non. Une nouvelle étude suggère que les micro-organismes peuvent vivre naturellement dans cette partie du système reproducteur mâle. Et cela pourrait avoir des implications pour la fertilité.

Les résultats encore préliminaires de cette nouvelle étude suggèrent que ce microbiome soi-disant testiculaire pourrait en effet être différent chez les hommes présentant une azoospermie, qui se définit comme une absence totale de spermatozoïdes dans le sperme. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer si ce microbiome affecte réellement la production de sperme, mais si les résultats se maintiennent, ils pourraient un jour conduire au développement de nouvelles thérapies pour les hommes souffrants d’azoospermie.

« Ces résultats sont surprenants, car presque tous les manuels médicaux mentionnent que [les] testicules humains […] sont des micro-environnements micro-biologiquement stériles », explique Massimo Alfano, de l’Institut de recherche urologique de l’IRCCS San Raffaele à Milan (Italie), et principal auteur de l’étude. Mais avec les nouvelles technologies, « nous avons pour la première fois été capables de quantifier l’ADN bactérien » dans les testicules. « Si confirmés et élargis, poursuit-il, ces résultats pourraient soutenir de futures thérapies pour l’infertilité masculine » comme ceux basés sur la restauration d’une « niche testiculaire ».

Environ 1 % des hommes – et en particulier 10 à 15 % des hommes souffrant d’infertilité – ont une azoospermie. Ces derniers n’ont ainsi aucune option pour pouvoir concevoir un enfant de manière « naturelle ». La forme la plus sévère d’azoospermie est « l’azoospermie non obstructive », qui résulte d’une mauvaise production de sperme plutôt que d’un blocage qui empêche les spermatozoïdes d’entrer dans le sperme. La seule option de traitement pour l’azoospermie non obstructive est une chirurgie qui tente de récupérer les spermatozoïdes du tissu testiculaire, mais elle n’est pas toujours réussie.

Pour la nouvelle étude, les chercheurs ont analysé le tissu testiculaire de 10 hommes atteints d’azoospermie non obstructive, ainsi que le tissu testiculaire de cinq hommes sans azoospermie qui ont produit des quantités normales de spermatozoïdes. Parmi les hommes atteints d’azoospermie, la moitié n’avait pas répondu à la chirurgie. Les scientifiques ont constaté que les hommes sans azoospermie avaient de petites quantités de bactéries dans leurs testicules, lesquelles appartenaient à quatre groupes principaux, appelés Actinobacteria, Bacteroidetes, Firmicutes et Proteobacteria.

Les hommes atteints d’azoospermie avaient globalement plus de bactéries dans leurs testicules, mais leur microbiome testiculaire était moins diversifié : les chercheurs ont trouvé seulement deux groupes de bactéries – Actinobacteria et Firmicutes. Ceux qui n’avaient pas répondu à la chirurgie avaient encore moins de diversité dans leur microbiome, alors principalement dominé par les Actinobactéries.

Ces nouveaux résultats soulèvent la question de savoir si le microbiome testiculaire pourrait aider à prédire ou non la récupération de sperme réussie. En outre, si les résultats sont confirmés, il est possible que le microbiome testiculaire puisse « aider à guider de futures thérapies » pour ceux chez qui la chirurgie serait inefficace.

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