Les tardigrades sont des créatures coriaces, mais pas indestructibles. Une étude récente vient en effet d’isoler leur point faible.
Dans un contexte de changements climatiques, il est important pour les chercheurs d’évaluer la réponse d’un maximum d’organismes. En appréhendant ces réactions, nous sommes alors plus en mesure de mettre en place des moyens de protection. De nombreuses espèces animales et végétales sont sensibles à ces évolutions, mais qu’en est-il des tardigrades, les créatures les plus robustes de la planète ?
Ces petits invertébrés (environ 1 300 espèces recensées) ont en effet déjà prouvé leur incroyable résistance. Certains sont connus pour supporter des températures aussi basses que -272°C, quand d’autres peuvent survivre de nombreuses années sans nourriture, sans eau ni oxygène. Certaines espèces semblent même faire avec le vide de l’espace, quand d’autres supportent les pressions écrasantes des profondeurs océaniques.
Pour arriver à supporter de telles conditions, les tardigrades se « dessèchent ». Autrement dit, ils rétractent leur tête et leurs pattes et réduisent leur volume au maximum. Leur métabolisme semble alors se mettre sur « pause », leur permettant d’essuyer les périodes les plus compliquées. Pour preuve, ce mode « hibernation » leur a permis de survivre à cinq extinctions massives. Malgré tout, les tardigrades ne sont pas infaillibles.
Des créatures sensibles à la chaleur
Il y a deux ans, une étude avait en effet révélé qu’une espèce originaire de l’Antarctique (Acutuncus antarcticus) pourrait être menacée d’extinction en raison du changement climatique. De nouvelles recherches suggèrent aujourd’hui qu’une seconde espèce (Ramazzottius varieornatus) présente le même point faible.
Pour ces travaux, des chercheurs de l’Université de Copenhague ont recueilli plusieurs spécimens dans des gouttières de maisons à Nivå, au Danemark. Ils ont alors évalué l’effet d’une exposition à des températures élevées chez des tardigrades actifs et desséchés. Ils ont également étudié l’effet d’une brève période d’acclimatation sur certains animaux actifs.
Cette étude a révélé que pour les tardigrades actifs non acclimatés, la température létale médiane était de 37,1°C. Il est ressorti qu’une période d’acclimatation de deux heures à 30°C, suivie de deux heures à 35°C, avait placé la barre à 37,6°C. Néanmoins, au-delà, toutes les créatures de cette espèce ont péri.
Concernant les spécimens desséchés, les chercheurs ont observé que la température létale médiane était de 82,7°C après une exposition d’une heure. Au-là de cette période, les tardigrades étaient moins résistants. Au bout de 24 h, la majorité ne pouvait pas survivre à des températures dépassant les 63°C.
Ces nouvelles recherches confirment bien que ces petits organismes peuvent être sensibles au réchauffement climatique. « Nous pouvons conclure que les tardigrades actifs sont vulnérables aux températures élevées, bien qu’il semble que ces créatures pourraient s’acclimater à l’augmentation des températures dans leur habitat naturel« , peut-on lire dans l’étude. « Les tardigrades desséchés sont quant à eux beaucoup plus résistants et peuvent supporter des températures beaucoup plus élevées. Cependant, le temps d’exposition est clairement un facteur limitant qui restreint leur tolérance aux températures élevées« .
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