Les souris réussissent le « test du miroir »

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Crédit : Ralphs_Fotos

Des souris ont récemment présenté un comportement pouvant témoigner d’une reconnaissance de soi lorsqu’elles étaient confrontées au célèbre test du miroir, mais sous certaines conditions seulement.

Un test de reconnaissance de soi

Le test du miroir, introduit dans les années 1970 par le psychologue Gordon Gallup, demeure un outil fascinant pour évaluer la conscience de soi chez les animaux. L’idée fondamentale derrière ce test est d’observer comment les individus réagissent à leur propre reflet dans un miroir, car la capacité à se reconnaître implique une conscience de soi et une compréhension de sa propre existence.

L’une des premières espèces à avoir passé avec succès le test fut le chimpanzé. Initialement, ces primates présentaient des comportements agressifs envers leur propre reflet, le percevant comme une menace. Cependant, au fil du temps, ils ont manifesté une compréhension croissante que l’image dans le miroir était une représentation d’eux-mêmes.

Plusieurs espèces concernées

La réussite du test du miroir ne se limite pas aux chimpanzés, car d’autres espèces ont également démontré cette capacité cognitive. Les éléphants ont par exemple montré des signes de reconnaissance de soi en utilisant leur trompe pour explorer des marques colorées sur leur corps qui étaient visibles uniquement dans un miroir.

Des corvidés tels que les corbeaux et les pies ont également réussi le test du miroir, révélant une intelligence exceptionnelle chez ces oiseaux. De même, les pigeons ont montré des comportements indiquant qu’ils comprennent que l’image dans le miroir représente leur propre corps.

Des études ont aussi révélé que le labre nettoyeur commun, un poisson, et même les chevaux réussissent le test du miroir. Ces résultats suggèrent que la conscience de soi pourrait être plus répandue dans le règne animal que ce qui était précédemment estimé.

Cependant, toutes les espèces ne réussissent pas ce test. Des animaux de compagnie courants tels que les chiens et les chats semblent souvent ignorer ou interagir agressivement avec leur reflet, indiquant une compréhension limitée de la nature du reflet dans le miroir.

Plus récemment, une équipe de chercheurs s’est intéressée aux souris.

test du miroir
Crédits : Aleksandra Iarosh/istock

Test réussi…

Afin de déterminer la capacité de ces rongeurs à se reconnaître, les chercheurs ont conduit une expérience au cours de laquelle ils ont marqué le front de souris à fourrure foncée avec de l’encre blanche, puis ils les ont placées devant un miroir dans une boîte.

Les souris, après avoir regardé leur reflet, ont manifesté des comportements de toilettage pour enlever la tache d’encre de leur visage. À l’inverse, ce comportement n’a pas été constaté lorsque la tache d’encre était réduite, ni lorsqu’elle était substituée par de l’encre noire qui se confondait avec leur pelage.

En utilisant la cartographie de l’expression génique, les chercheurs ont également identifié un groupe de neurones spécifiques dans l’hippocampe ventral des souris qui s’activaient lorsqu’elles se reconnaissaient. Lorsque ces neurones étaient désactivés en laboratoire, les souris ne présentaient plus le comportement de toilettage.

… mais sous certaines conditions

Il est à noter que les souris qui n’étaient pas habituées aux miroirs avant le test ne se sont pas lavé la tête. Cela pourrait suggérer que la reconnaissance de soi dans le miroir, accompagnée du comportement de toilettage, est liée à l’expérience préalable des souris avec les miroirs.

Les résultats ont également montré que les souris socialement isolées après le sevrage (sevrées de leur dépendance au lait maternel), ainsi que celles élevées aux côtés de spécimens d’apparence différente, ne tentaient pas d’enlever l’encre de leur front. Cela suggère que pour manifester un comportement d’auto-reconnaissance, ces rongeurs doivent être élevés avec des congénères similaires sur le plan physique.

Les chercheurs espèrent désormais savoir si les souris peuvent se reconnaître sans stimuli tactiles. Pour ce faire, ils pourraient mettre en place des expériences impliquant des filtres de changement de visage similaires à ceux des applications populaires. Ils prévoient également d’analyser plus en détail le cerveau de ces animaux pour mieux comprendre comment ils interprètent visuellement leur environnement et se distinguent les uns des autres.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Cell.