Les singes boivent-ils de l’alcool ?

singe alcool
Crédits : Dieterich01 / pixabay

Parmi la pléthore d’espèces animales présentes sur Terre, certaines sont attirées par les effets de l’alcool. Les singes en font partie. Espèce frugivore, les primates se nourrissent de denrées produisant naturellement de l’éthanol, la molécule responsable de l’ivresse.

Un usage courant et ancestral

Une étude américaine publiée sur le site The Royal Society porte sur les singes-araignées à mains noires, vivant sur l’île de Barro Colorado au Panama, et leur consommation de fruits gâtés. L’analyse d’échantillons d’urine a en effet révélé un taux de concentration d’éthanol indiquant un certain état d’ébriété lié à leurs habitudes alimentaires. Il s’agit de mœurs chroniques, mais loin d’être récentes.

« Selon l’hypothèse du “singe ivre”, la propension de l’homme à consommer de l’alcool découle d’une affinité profondément ancrée des primates frugivores pour l’éthanol naturellement présent dans les fruits mûrs », nous communiquent les spécialistes.

L’ivresse simiesque remonte à une dizaine de millions d’années. Contraints par des rivaux ou des périodes de climat rigoureux, les primates sont descendus des arbres pour rechercher de la nourriture au sol et ont ainsi commencé à se nourrir de fruits mûrs. Leur métabolisme s’est ensuite adapté pour mieux tenir l’alcool. Nos ancêtres nous auraient transmis le gène permettant de métaboliser l’éthanol quarante fois plus rapidement que ce dont leur organisme était autrefois capable.

Les spécialistes se sont ici aperçus que ces primates du Panama s’intéressent aux fruits contenant entre 1 à 2% d’éthanol. Grâce à leur haute capacité olfactive, les singes-araignées distinguent les différentes teneurs en alcool et choisissent ainsi quels aliments consommer. Les fruits trop fermentés sont alors laissés de côté, ne possédant qu’une trop faible quantité de sucre.

Des raisons de s’enivrer plutôt familières

Outre la recherche du plaisir et la sensation galvanisante, les spécimens se sentant exclus d’un groupe ou percevant de l’angoisse deviendraient plus addicts aux substances psychotropes, à l’instar de l’espèce humaine.

« Les effets psychoactifs et hédoniques de l’éthanol peuvent également entraîner une augmentation des taux de consommation et un gain calorique. Les modèles contemporains de consommation d’alcool peuvent à leur tour dériver de ces associations ancestrales entre l’éthanol et la récompense nutritionnelle. La consommation excessive d’alcool, tout comme le diabète et l’obésité, peut alors être considérée conceptuellement comme une maladie de l’excès nutritionnel » en déduisent les chercheurs.

L’alcool, mais pas que

L’alcool n’est pas le seul moyen pour les animaux de se retrouver dans un état second. D’autres espèces dénichent des plantes et autres substituts aux pouvoirs hallucinogènes pour « planer ». Par exemple, les lémuriens de Madagascar ont leur propre technique pour accéder à un état de transe : ils frottent leur fourrure avec une espèce de mille-pattes aux forts pouvoirs toxiques (voir la vidéo ci-dessous).

Les êtres vivants ne cessent ainsi de déceler des procédés ingénieux pour échapper à la réalité et obtenir un état euphorisant. Faudrait-il en conclure qu’à partir d’un degré suffisamment élevé de conscience des conditions de la vie, les individus seraient « fatalement » sujets à la consommation d’alcool et autres stupéfiants ?