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L’arbre du général Grant, le plus grand séquoia géant. Crédits : Tunatura/iStock

Les séquoias sont plus résistants aux incendies qu’on ne le pensait

Des bourgeons émergent des cendres des séquoias de Californie touchés par les incendies ravageurs de 2020, suggérant que ces arbres sont plus résilients aux feux de forêt que prévu. Une étude révèle en effet que ces arbres utilisent d’anciennes réserves de carbone pour favoriser une nouvelle croissance.

Des séquoias capables de stocker du carbone « au cas où »

Par le biais de la photosynthèse, les arbres accomplissent un processus vital au cours duquel ils convertissent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère en oxygène et en sucres en utilisant la lumière du Soleil absorbée par la chlorophylle comme source d’énergie. La production de glucose offre alors une source immédiate d’énergie pour la croissance, le métabolisme et la reproduction des arbres.

Cependant, la capacité des arbres à stocker ces glucides résultant de la photosynthèse est tout aussi cruciale. Ces réserves de carbone sont en effet stockées sous forme de composés tels que l’amidon dans différentes parties de l’arbre, notamment les racines, le tronc et les branches. Ces réserves jouent ensuite un rôle essentiel lorsqu’un arbre est confronté à des défis environnementaux, tels que des périodes de sécheresse ou des incendies qui endommagent le feuillage de l’arbre. Lorsque le feuillage est détruit, la capacité de l’arbre à photosynthétiser est en effet compromise. Ces réserves de carbone peuvent alors être mobilisées pour soutenir la repousse des feuilles ou d’autres formes de croissance.

Récemment, les séquoias côtiers (Sequoia sempervirens) de Californie ont usé de cette technique pour se remettre des incendies ravageurs de 2020. Et ces réserves ne datent pas d’hier.

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Crédits : Brad Booth/iStock

Du carbone vieux de près d’un siècle

Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs de l’Université du Nevada à Las Vegas ont utilisé la datation au radiocarbone pour déterminer l’âge du carbone utilisé par certains de ces séquoias. Dans le détail, nous savons qu’un isotope spécifique du carbone atmosphérique, connu sous le nom de carbone 14, a connu un pic au début des années 1960 en raison des essais de bombes thermonucléaires pour ensuite décroître progressivement au fil du temps. Les séquoias ont absorbé le carbone 14 de cette période, ainsi que les isotopes du carbone 12 présents naturellement dans l’atmosphère après l’interdiction des essais nucléaires.

Les réserves de carbone des arbres comprennent ainsi un mélange de carbone plus récent et plus ancien. En supposant que les arbres utilisent le nouveau carbone plus rapidement que l’ancien, les scientifiques peuvent alors estimer l’âge des réserves de carbone mobilisées par les nouvelles pousses des séquoias. Or, au terme de leurs analyses, les chercheurs ont constaté que les arbres utilisaient de très anciennes réserves de carbone datant d’il y a environ 50 à 100 ans, ce qui est de loin la plus ancienne observation de réserves de carbone utilisées à des fins diverses.

Alimentées par ce carbone ancien, ces nouvelles pousses auraient germé à partir de bourgeons auparavant dormants enfouis profondément dans le noyau des séquoias brûlés, parfois depuis environ 2 000 ans. L’équipe ne savait pas si les séquoias pourraient survivre à des incendies de forêt aussi violents que ceux de 2020. Force est de constater que c’est effectivement possible.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Plants.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.