Les rejets de médicaments influent sur le comportement des poissons

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Selon une étude australienne récente, l’exposition aux rejets de médicaments par les humains a des effets néfastes sur le comportement des poissons. Les chercheurs estiment que ces animaux deviennent de véritables « zombies » en perdant toute « individualité ».

Des poissons sous Prozac

Ce n’est pas un scoop : les océans et autres étendues d’eau sont la poubelle de l’humanité. S’il est dans l’actualité souvent question de plastique, il faut savoir que les médicaments sous forme de microparticules sont aussi très présents. En 2019, une étude britannique expliquait que partout dans le monde, les cours d’eau subissent une importante contamination aux antibiotiques à des taux parfois trois cents fois plus élevés que ce que prévoient les réglementations.

Antibiotiques, antidépresseurs et autres antidouleurs se retrouvent généralement dans les égouts puis dans les usines de traitement des eaux usées. Or, ces installations sont rarement prévues pour traiter ce genre de produits chimiques. En fin de course, ces mêmes produits finissent dans les rivières, les mers et évidemment les océans. Finalement, la faune marine trinque en absorbant ce cocktail de produits, comme l’explique une étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B le 10 février 2021.

Les chercheurs de l’Université d’Australie-Occidentale (Australie) se sont intéressés aux conséquences sur le comportement des poissons. Le principal auteur de l’étude Giovanni Polverino a fixé son attention sur la fluoxétine. Il s’agit d’un psychotrope de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) dont le célèbre Prozac est le princeps. Indiqué dans le traitement de divers troubles en lien avec l’anxiété, ce médicament est très abondamment consommé à l’échelle mondiale.

poissons guppys
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Un comportement de zombie

Dans le cadre de leur étude, les scientifiques australiens ont suivi pendant deux ans l’évolution comportementale de guppys, poissons de la famille des Poeciliidae. Ils les ont soumis à différents niveaux de concentration de fluoxétine, à savoir plus faible, égale ou encore plus élevée que celle des océans. Selon les résultats, les poissons ont perdu toute « individualité ». Autrement dit, ces derniers ont tous commencé à agir de la même manière tels des zombies, et ce, même en cas d’exposition à une faible concentration. De plus, au fur et à mesure que les doses augmentaient, ces changements de comportement se sont logiquement accentués.

Des études antérieures allant dans le même sens existaient déjà. En 2019, un article publié par The Atlantic partageait les résultats de certains de ces travaux. Sous antidépresseurs, la seiche aurait par exemple des problèmes de mémoire. La crevette s’exposerait quant à elle davantage et de manière inconsciente à ses prédateurs. Le volume des rejets humains de produits pharmaceutiques pourrait doubler d’ici 2050. Le pire est donc à craindre pour la faune aquatique.