Les récentes mesures anti-pollution en Chine ont accéléré le réchauffement climatique ! Comment est-ce possible ?

Appliquées durant une dizaine d’années, les politiques environnementales de la Chine pour vaincre la pollution atmosphérique ont fonctionné. En revanche, ces mesures sont modifié le bilan radiatif de la Terre, c’est à dire la différence entre l’énergie que la planète reçoit du Soleil et celle qu’elle renvoie vers l’espace, sous forme de rayonnement. Comment une telle chose a t-elle pu se produire ?

Une conséquence involontaire du combat contre le « smog »

Il y a une dizaine d’années, les grandes villes chinoises étaient encore en proie au « smog », un terme désignant l’épais brouillard grisâtre artificiel urbain résultant d’une pollution de l’air intense et limitant la visibilité dans l’atmosphère. Ce phénomène est aujourd’hui caractéristique de villes très polluées comme Delhi, Mumbai et Guwahati (Inde), Lahore et Karachi (Pakistan) ou encore, Jakarta (Indonésie). Grâce à ses mesures, la Chine a finalement réussi à débarrasser ses villes du smog.

Comme l’explique The Economist dans un article du 3 novembre 2025, l’une des mesures les plus efficaces était la réduction massive des émissions de soufre, une substance provenant de la combustion du charbon. En effet, la Chine utilise de nombreuses centrales thermiques et autres usines ayant recours à ce combustible, dont les rejets ont saturé l’atmosphère des villes dès les années 1980.

Evidemment, le problème principal n’est pas le manque de visibilité mais plutôt la santé de la population. Effectivement, les rejets contenaient des particules soufrées très toxiques. Toutefois, celles-ci formaient aussi des aérosols sulfatés, une quantité astronomique de nanoparticules réfléchissant la lumière solaire vers l’espace. Il était donc question d’un « effet parasol » à l’origine d’un léger refroidissement de la planète. Aujourd’hui, les climatologues s’accordent pour dire que la disparition de ces aérosols sont une des plus importantes cause de l’accélération du réchauffement climatique que l’on observe depuis presque dix ans.

CBD Pékin smog
Crédit : 螺钉 / Wikimedia Commons
Le Central Business District (CBD) de Pékin, en février 2013.

La Chine avait-elle le choix ?

Involontairement, la Chine a supprimé l’un des principaux régulateurs optiques de la troposphère, ce qui a légèrement modifié le bilan radiatif de la Terre. Selon les modèles climatiques, les résultats divergent mais il serait question d’un réchauffement se situant entre 0,05 à 0,10°C depuis 2015. Favorisé par les mesures environnementales, ce phénomène particulier se retrouve aussi – dans une moindre mesure – dans d’autres régions, notamment en Europe, en Amérique du Nord ou encore au Japon. Cependant, une question demeure : la Chine avait-elle le choix ? En réalité, pas vraiment.

En 2013, la Chine a essuyé un épisode de smog surnommé « airpocalypse », le plus meurtrier depuis celui de Londres en 1952. Si la capitale Pékin était la ville la plus impactée, le phénomène était toutefois national. La situation était critique sur le plan sanitaire, se caractérisant notamment par un débordement des hôpitaux et une augmentation des cas de maladies respiratoires, en particulier chez les enfants. Plusieurs études d’impact soulignent la possibilité de millions de décès prématurés dans le pays au cours de la dernière décennie.

Cet airpocalypse a donc été un déclic pour la Chine, qui a fait le choix de réduire les rejets d’origine industriels pour préserver sa population. Il fut surtout question d’une modernisation de l’immense majorité des infrastructures industrielles, notamment l’installation de systèmes de désulfuration des gaz de combustion dans les centrales à charbon. Le pays a également interdit le recours aux carburants à haute teneur en soufre et renforcé ses normes anti-pollution. Au final, les objectifs ont été atteints : une baisse de 40 % des concentrations de particules fines, soit 20 millions de tonnes de soufre atmosphérique.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.