L’ancienne pratique de l’incaprettamento, un rituel macabre qui implique d’attacher les victimes sacrificielles de manière à ce qu’elles s’étranglent, a été mise en lumière par une étude archéologique récente. Cette tradition semble remonter à la période néolithique en Europe, avec plus d’une douzaine de cas de meurtres rituels identifiés sur une période de plus de 2 000 ans.
Des sacrifices rituels au Néolithique
L’étude s’est concentrée sur une tombe découverte il y a plus de vingt ans à Saint-Paul-Trois-Châteaux, près d’Avignon, en France. Cette tombe, qui imite un silo (une fosse utilisée pour stocker le grain), contenait les restes de trois femmes datant d’il y a environ 5 500 ans. Les chercheurs ont réinterprété les positions des squelettes et ont alors conclu que deux des femmes avaient été délibérément tuées par incaprettamento avant d’être enterrées. Cette méthode implique d’attacher le cou des victimes à leurs jambes pliées derrière leur dos, les laissant mourir par étranglement.
Bien que les raisons de ces rituels ne sont pas encore claires, les experts suggèrent qu’ils pourraient avoir été liés à des pratiques agricoles, étant donné les symboles agricoles présents dans la tombe, tels que la structure en bois alignée avec le Soleil aux solstices et les pierres brisées pour moudre le grain.
Cette étude a également examiné des sites funéraires néolithiques dans toute l’Europe. Cela a ainsi permis d’identifier vingt cas probables de meurtres rituels utilisant l’incaprettamento sur quatorze sites différents datant entre 5 400 et 3 500 av. J.-C.. Les preuves de sa pratique vont par ailleurs de la République tchèque à l’Espagne. De plus, des preuves d’art rupestre mésolithique en Sicile, réalisé entre 14000 et 11000 av. J.-C., semblent représenter des figures humaines liées d’une manière similaire.
Des victimes enterrées encore vivantes
L’étude archéologique met également en lumière des détails troublants sur ces meurtres rituels pendant la préhistoire européenne, notamment le fait que les victimes étaient encore en vie au moment de leur inhumation, malgré le fait qu’elles étaient attachées dans des positions désespérées. Les marques sur les restes indiquent en effet que les victimes étaient conscientes et luttaient pour leur vie lorsqu’elles étaient placées dans leurs tombes.
Les chercheurs ont également noté que de lourds fragments de pierre utilisés pour moudre le grain étaient posés sur les corps des victimes, les maintenant solidement ancrées au sol. Cette découverte macabre suggère ainsi que même si les victimes étaient capables de se détacher, il leur était impossible de lutter contre leur destin funeste. Ce détail ajoute une dimension supplémentaire à l’horreur de ces pratiques rituelles en mettant en lumière la cruauté et la violence infligées à ces individus il y a des millénaires.
Cette recherche remet également en question certaines idées préconçues sur les rituels funéraires néolithiques, mettant en lumière un contraste frappant entre les traditions de vénération des morts et ces actes de violence ritualisée. Alors que certaines cultures de la période mettaient l’accent sur des pratiques honorant les défunts, les découvertes liées à l’incaprettamento révèlent une dimension sociale et symbolique où la mort violente et le sacrifice semblent avoir joué un rôle central dans la construction des croyances collectives. Cette dualité entre hommage et cruauté donne un aperçu fascinant des complexités culturelles de l’époque.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.