Crédits : Gil Haklay, Israel Antiquities Authority

Les premières industries de guerre : quand les projectiles étaient fabriqués en série il y a 7 000 ans

L’archéologie révèle sans cesse de nouvelles facettes de notre passé. Des fouilles réalisées en Israël sur les sites d’En Esur et d’‘En Zippori ont mis au jour des centaines de projectiles en pierre taillée. Ces artefacts, datant de plus de 7 000 ans, offrent un témoignage fascinant des premières formes d’organisation militaire et d’industries standardisées.

Une conception précise et une fabrication en série

Parmi les découvertes, des petites pierres ovales d’environ 52 millimètres de long pour 31 de large et pesant 60 grammes ont été déterrées. Leur uniformité est remarquable : taille, poids et forme sont strictement identiques, indiquant une fabrication standardisée et délibérée. Ces pierres étaient vraisemblablement destinées à être utilisées comme projectiles dans des frondes, une arme efficace pour les conflits à distance.

La précision de leur conception, couplée à des traces d’usure qui suggèrent leur utilisation intensive, constitue un indice probant d’une production à grande échelle. Cette organisation préfigure une véritable « industrie de guerre », bien avant l’émergence des premières grandes civilisations.

Le contexte historique : des sociétés en expansion

Ces projectiles datent du début de l’âge du cuivre (environ 5 800 à 4 500 avant notre ère). À cette époque, la région du sud du Levant connaissait une croissance démographique et économique. Les villages prospères d’En Esur et d’‘En Zippori étaient reliés par un réseau d’échanges commerciaux, comme en témoignent des objets exotiques retrouvés sur place.

Cependant, cette période d’expansion était aussi marquée par une intensification des conflits pour le contrôle des ressources et des territoires. La production standardisée d’armes comme ces pierres taillées semble répondre à ces tensions croissantes, marquant une évolution vers des conflits organisés.

Les implications d’une telle découverte

Cette découverte apporte plusieurs enseignements clés :

  • Organisation sociale avancée : La production à grande échelle de projectiles implique une main-d’œuvre spécialisée et une hiérarchie sociale capable de coordonner ces efforts.
  • Premières économies de guerre : La fabrication et le stockage de ces armes montrent une préparation stratégique à des affrontements réguliers.
  • Transmission des techniques de guerre : Les frondes et leurs projectiles seront par la suite adoptés par des civilisations emblématiques comme les Grecs et les Romains.

Des questions encore ouvertes

Si cette étude apporte des réponses, elle soulève aussi des questions. Qui étaient les ennemis de ces sociétés prospères ? Ces conflits étaient-ils internes ou opposaient-ils des groupes extérieurs ?

Les résultats complets de ces recherches sont publiés dans la revue scientifique ‘Atiqot, accompagnés de données supplémentaires sur les méthodes employées pour analyser les artefacts.

Un témoignage fascinant des premières guerres

Ces pierres taillées offrent un rare aperçu des premières formes d’organisation militaire dans l’histoire humaine. Elles nous rappellent que les conflits armés sont intimement liés à l’évolution sociale et économique, et que la guerre, sous toutes ses formes, est un phénomène ancien. Cette découverte nous invite à réfléchir à nos propres pratiques modernes, à la fois dans le domaine de la fabrication et de la gestion des conflits.

Rédigé par Alexis Breton