Les poissons ressentent-ils la douleur ?

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Crédits : Pixabay

Une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de Liverpool nous apprend que, contrairement à la croyance populaire, les poissons ressentent effectivement la douleur. Le tout de manière similaire à celle des mammifères, dont les humains.

Les poissons ressentent-ils la douleur ? C’est la question que se pose depuis plusieurs années la biologiste Lynne Sneddon, de l’Université de Liverpool. La nociception chez les mammifères – ou la capacité à détecter des stimuli nuisibles – est bien établie, mais il existe encore un débat sur le fait de savoir si les poissons ressentent ou non la douleur. La réponse, finalement, est oui. De récents travaux nous apprennent en effet que les poissons développent des récepteurs du système nerveux qui réagissent à la douleur de manière « étonnamment similaire » à celle des autres mammifères. Cette étude, publiée dans la revue Philosophical Transactions de la Royal Society B, nous amène donc inévitablement à reconsidérer la manière dont nous traitons ces organismes.

Plusieurs réponses face à la douleur

La biologiste et son équipe sont arrivées à cette conclusion après avoir examiné les comportements de différentes espèces en réponse à plusieurs stimulis désagréables. On apprend, par exemple, que les poissons rouges qui reçoivent un choc électrique dans une zone de leur réservoir pleine de nourriture éviteront cette zone pendant plusieurs jours. Ils se privent ainsi de manger pour éviter de revivre la même expérience. Les perches également, semblent se nourrir beaucoup moins souvent après avoir été attrapées par un crochet, leur bouche étant devenue trop douloureuse.

La biologiste cite par ailleurs les exemples de poissons qui semblent souffrir d’hyperventilation après avoir essuyé des expériences traumatisantes. D’autres se frottent la bouche contre le bord de leur bassin pour tenter de calmer la douleur. Comme vous pourriez le faire en vous frottant le petit orteil après vous être cogné sur la table basse. Pour la chercheuse, ces réactions instinctives nous amenant à fuir une expérience douloureuse – que l’on considérait comme propres aux mammifères – sont donc également bien ancrées chez les poissons.

Cette étude nous apprend également que les poissons réagissent aux anti-douleurs. Elle présente notamment le cas du poisson-zèbre qui, après avoir expérimenté un événement douloureux, semble reprendre une activité normale après avoir été plongé dans une eau dans laquelle avait été ajouté un antalgique. Tout comme vous pourriez reprendre un comportement normal après avoir pris un Doliprane (ou autre) pour soulager des maux de tête ou une petite rage de dents.

Oui, les poissons réagissent à la douleur. Crédits : Pixabay

Considérer le bien-être des poissons

Au regard de ces nouveaux travaux, et si nous acceptons la douleur ressentie par les poissons, il est donc impératif que nous repensions la manière dont nous traitons ces organismes. On estime en effet aujourd’hui que plus de 1000 milliards de poissons sont pêchés chaque année. Le problème, c’est que les méthodes d’abattage sont à des années-lumière de prendre en considération le bien-être de ces animaux. Quand certains meurent écrasés dans des filets, d’autres suffoquent au contact de l’air ou bien sont disséqués vifs. Cette nouvelle étude doit nous amener à revoir notre copie.

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