Les plantes n’aiment pas ĂȘtre touchĂ©es. Si une plante Ă©volue trop prĂšs d’une plante voisine, alors son accĂšs Ă la lumiĂšre du soleil est menacĂ©. De nouvelles recherches montrent en effet que les plantes sensibles au toucher peuvent communiquer un message d’avertissement Ă leurs voisins, leur « conseillant » d’ajuster leurs modĂšles de croissance en consĂ©quence.
Si vous ĂȘtes dĂ©rangĂ©(e) par quelqu’un qui se rapproche un peu trop prĂšs de votre « bulle de confort », vous pouvez vous dĂ©placer, ou exprimer votre mĂ©contentement. Les plantes, elles, ne peuvent pas bouger, elles sont immobiles. Elles ne sont pas non plus capables d’expression verbale; ainsi les plantes ont dĂ» dĂ©velopper d’autres façons de communiquer leurs conditions dĂ©favorables. Des Ă©tudes antĂ©rieures ont montrĂ© que les plantes peuvent communiquer les unes avec les autres en envoyant des signaux chimiques Ă travers le sol, mais la mesure dans laquelle ces messages sont influencĂ©s par des Ă©vĂ©nements physiques au-dessus du sol est encore mal comprise.
Une nouvelle étude publiée cette semaine dans PLoS One montre que les feuilles de certaines plantes sont « sensibles au toucher », et que le frottement de leurs « coudes végétatifs » déclenche un signal de stress chimique directement sous terre. Les plantes apparentées qui reçoivent alors le signal « Je suis encombrée » modifient ensuite leur schéma de croissance en conséquence.
Velemir Ninkovic, de l’UniversitĂ© suĂ©doise des sciences agricoles, fit cette observation sur des plants de maĂŻs cultivĂ©s dans une solution de croissance. En brossant lĂ©gĂšrement leurs feuilles pour simuler le contact d’une feuille de plante voisine, le chercheur enregistra alors la sĂ©crĂ©tion de produits chimiques par les plantules de leurs racines et dans la solution de croissance. En cultivant de nouveaux semis dans ce bain infusĂ© chimiquement, la nouvelle plante a finalement produit plus de feuilles, mais moins de racines, comparativement aux tĂ©moins. Les nouveaux semis ont donc ajustĂ© leur croissance, produisant plus de feuilles dans le but de « ramasser » un maximum de lumiĂšre du Soleil.
Pour s’assurer que ce n’Ă©tait pas une rĂ©ponse alĂ©atoire, le chercheur a menĂ© une seconde expĂ©rience. Des plantules de maĂŻs ont Ă©tĂ© invitĂ©es Ă choisir deux solutions de croissance diffĂ©rentes dans laquelle elle souhaitait Ă©voluer, une dans laquelle des plantes avaient Ă©tĂ© touchĂ©es et une autre dans laquelle elles n’avaient pas Ă©tĂ© touchĂ©es. En observant la croissance des plantes, il observa alors que la racine primaire de chaque plantule se rapprochait de la solution de croissance des plantes intactes et non stressĂ©es, indiquant que les semis pouvaient faire la diffĂ©rence entre les deux solutions de croissance.
En transmettant le signal de stress, la plante aide ainsi son parent gĂ©nĂ©tique Ă Ă©viter une zone de surpeuplement et le besoin de cultiver plus de feuilles pour capturer une ressource potentiellement en dĂ©clin : la lumiĂšre du soleil. « Nos rĂ©sultats montrent que la communication plante-plante aĂ©rienne par contact bref peut provoquer des rĂ©actions chez les plantes non touchĂ©es Ă proximitĂ© par la communication souterraine« , note le chercheur. « Cela indique que les plantes voisines peuvent ĂȘtre affectĂ©es de maniĂšre significative par les conditions physiques auxquelles ces voisines sont exposĂ©es« .
Cette Ă©tude rĂ©vĂšle un niveau de complexitĂ© jamais vu auparavant dans les interactions souterraines entre plantes. Incroyablement, ce qui se passe au-dessus du sol peut donc ĂȘtre communiquĂ© sous la surface aux parents voisins.
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