Les plages près d’Hiroshima contiennent encore des débris nucléaires de 1945

Crédits : Wikimedia Commons

Une équipe de chercheurs annonce avoir découvert des millions de débris inhabituels enfouis dans le sable des plages de sable situées près de la ville japonaise d’Hiroshima. Il s’agirait de vestiges de l’explosion de la bombe atomique de 1945.

En 2015, le géologue Mario Wannier, de l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis), était en train de tamiser des gains de sable d’une plage située près de la ville d’Hiroshima. Dans la péninsule de Motoujin, plus exactement. À la base, il recherchait des organismes marins, mais il découvrit autre chose : des milliers de petites sphères vitreuses. Intrigué, il a décidé de retourner sur place pour collecter davantage d’échantillons. Après analyses, il ressort que ces particules, enfouies jusqu’à une profondeur d’environ 10 cm étaient en fait des débris datant de l’événement atomique de 1945. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Anthropocene.

Les restes de la ville

Retour au 6 août 1945 : un bombardier américain B-29 largue une bombe atomique sur la ville d’Hiroshima. En un instant, 80 000 personnes sont tuées et plus de 10 km2 de terrain sont détruits. L’événement fut si violent que des morceaux de la ville ont été projetés dans le ciel à des températures extrêmes. Les éléments se sont alors transformés, formant des sphéroïdes de verre, des filaments de verre et autres composés composites fondus. Ces particules sont ensuite retombées dans les environs, et beaucoup semblent encore présents sur les plages.

C’est en tout cas ce que suggèrent les analyses faites au microscope. Les chercheurs ont en effet relevé dans ces particules des matériaux de construction tels que le fer et l’acier purs, mais également des traces d’aluminium, de silicium, de calcium, de carbone et d’oxygène. La composition de ces débris, peut-on lire, est en accord avec les matériaux de construction courants dans la région à cette époque (béton, marbre, acier inoxydable et caoutchouc).

« La composition chimique des débris de fonte fournit des indices sur leur origine, notamment en ce qui concerne les matériaux de construction urbains, peut-on lire dans l’étude. Il s’agit de la première description des retombées résultant de la destruction d’un environnement urbain par un bombardement atomique ».

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Quelques exemples de particules collectées dans le sable des plages de la péninsule de Motoujima, au Japon. Crédits : MMA Wannier et al., 2019/Anthropocene

Jusqu’à 3 000 tonnes par km2

Dans chaque kilogramme de sable prélevé sur la plage de la péninsule de Motoujina, les chercheurs notent que ces débris représentaient entre 0,6 et 2,5 % de l’échantillon total. Si on extrapole, cela signifie que chaque kilomètre carré de plage – sur une profondeur d’environ 10 centimètres – contient 2 300 à 3 100 tonnes de ces particules issues d’éléments qui composaient autrefois la ville d’Hiroshima.

Ces débris rappellent également les particules sphériques trouvées dans la couche du sol et associées à l’impact du météore qui a provoqué l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. Ou encore à celles retrouvées dans la zone où les États-Unis ont testé pour la première fois la bombe atomique. À quelques différences de composition près. Les chercheurs suggèrent qu’elles se sont formées dans des conditions extrêmes, car chauffées à environ 1 830 degrés Celsius.

Les scientifiques ambitionnent maintenant d’explorer les sols situés près de la ville de Nagasaki (attaquée le 9 août 1945), à la recherche de particules similaires.

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