Les particules fines ont-elles été un accélérateur dans la propagation du coronavirus dans le nord de l’Italie ?

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Des chercheurs italiens émettent l’hypothèse que la vitesse de propagation du coronavirus pourrait avoir un lien avec les particules fines. Le nord de l’Italie est l’une des provinces les plus industrialisées d’Europe. Le sud du pays lui, est au contraire beaucoup plus rural. Une étude à prendre avec des pincettes car elle ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique.

Les particules fines ; amplificateurs de la maladie ?

Douze chercheurs Italiens montrent une corrélation entre le taux de particules fines et la propagation du Covid-19. Cette étude s’est, entre autres, penchée sur le nombre et l’évolution des cas région par région. Dès que le cap des 50 cas est passé et dans les onze jours qui suivent, les chiffres sont relevés. Il est donc possible de voir que dans la région de Milan, la Lombardie, qui se situe dans le nord du pays, ce cap des 50 cas fut atteint le 22 février. Onze jours plus tard, 1 550 cas sont dénombrés. Au sud, dans la Campanie, la région de Naples, comptait 300 cas supplémentaires, onze jours après avoir atteint premier seuil et dans les Pouilles, 250 nouveaux cas.

Une fois ces chiffres relevés ; il faut les analyser. Les projections des modèles épidémiques semblent être normales dans les régions du sud, mais plus fortes dans celles du nord. Il semblerait qu’un facteur extérieur aux moyens de propagations classiques soit en cause, mais lequel ?

Pour ces chercheurs, les particules fines pourraient être en cause. Ils observent que les périodes pendant lesquels l’épidémie s’est accélérée dans le nord de l’Italie sont « concomitantes à la présence de fortes concentrations de particules atmosphériques ». Les taux de PM10 (particules inférieures à 10 microns) étaient par exemple supérieurs à la normale durant le mois de février, au moment où la diffusion s’est accélérée. À l’inverse, ils indiquent que dans la région romaine qui concentrait elle aussi des cas, il n’y a eu ni pic de pollution, ni accélération de la diffusion. Ainsi, les particules fines pourraient constituer un « vecteur efficace pour le transport, la propagation et la prolifération des infections virales”.

Une étude qui fait polémique

Face à ces conclusions, de nombreux chercheurs sont sceptiques et mettent en garde face à une étude qui n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique, donc validée par ses pairs. “Quand on teste en laboratoire la persistance du virus dans l’air, les conditions expérimentales sont très éloignées de celle de la rue. (…) Ce n’est pas absolument impossible, ni inconcevable, mais ce n’est pas une démonstration scientifique à mon avis. (…) Il y a automatiquement un biais d’analyse – sans pour autant que cela invalide l’hypothèse elle-même : les régions les plus polluées sont aussi les régions les plus peuplées, et donc celle où l’épidémie a le plus de chance de se répandre”, explique à Marianne le professeur François Bricaire, infectiologue.

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Comment le virus réagit dans l’atmosphère ?

L’une des grandes questions qui se pose depuis le début de l’épidémie est bien de connaître la réaction du Coronavirus à l’air libre. Actuellement, personne n’a de réponse définitive à cette question, bien que des études ont vu le jour.

Il a été montré que le coronavirus pouvait survivre pendant trois heures sous forme de particules dans l’air. Pour démontrer ça, le virus a été projeté par un aérosol. Or, un aérosol envoie des gouttelettes moins lourdes que celles de la toux ou lors d’un éternuement. Bien que cette étude reste intéressante, ses conditions ne correspondent malheureusement pas à ce qui se passe dans la vie réelle, expliquent d’autres chercheurs. Seul le temps et les expérimentations scientifiques pourront nous éclairer sur les réactions de ce virus.