Quand les otaries se mettent à violer les manchots en Antarctique

Crédit : Capture vidéo

Des otaries de Kerguelen ont été vues et filmées il y a quelques jours, et à plusieurs reprises, en train de « violer » des manchots royaux sur une île australe déserte. Pourquoi agir ainsi ? Peut-on réellement parler de viol ?

La vidéo ci-dessous nous dévoile une pauvre femelle manchot royal écrasée sous le poids d’une otarie de Kerguelen mâle, en train de se faire agresser sexuellement. Une union forcément non-fertile, ces deux espèces étant très éloignées l’une de l’autre (un oiseau et un mammifère), mais il faut également souligner l’énorme différence de taille et de masse entre les deux espèces. Une otarie de Kergelen, ou otarie à fourrure antarctique (Arctocephalus gazella), mâle adulte peut atteindre les deux mètres de long et peser jusqu’à 120 kilos, tandis qu’un  manchot royal (Aptenodytes patagonicus) femelle ne dépassera pas les 95 centimètres, et les 18 kg.

Comment expliquer un tel comportement ?

Selon les chercheurs auteurs de l’étude publiée dans Polar Biology, deux hypothèses pourraient expliquer ces actes plus que douteux. La première est celle du « manque de partenaire » ; l’otarie de Kerguelen étant un animal polygame, un mâle dominant dispose en général de tout un harem de femelles, tandis que les plus jeunes et les moins robustes errent en peine. Si les femelles viennent à manquer, il faut bien se rabattre sur autre chose, se dit l’otarie.

Selon la deuxième hypothèse, il s’agirait d’un comportement appris. Vécu comme une action associée à une récompense, ce comportement serait de fait transmis entre les otaries : une otarie repère un manchot (pas toujours femelle), le prend en chasse, puis le contraint à l’accouplement. Simple, efficace et sacrément pervers, un comportement qui serait né de la frustration. Mais peut-on réellement parler de viol ?

Il est vrai que ce genre d’images nous pousse à « juger » l’animal comme nous pourrions juger un homme. Beaucoup d’animaux s’accouplent dans la violence, les dauphins en sont le parfait exemple, mais attention toutefois de ne pas tomber dans l’anthropomorphisme. Ce cas précis est donc surprenant, mais il n’est pas étonnant qu’un consentement mutuel ne soit pas nécessaire, les animaux ne disposant pas des circuits d’inhibition des instincts qui nous fondent à criminaliser les viols.

Source : Science&Avenir, Polar Biology