Les niveaux de carbone rejetés bientôt similaires à ceux d’il y a 56 millions d’années

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Une étude américaine révèle que les émissions totales de dioxyde de carbone d’origine humaine pourraient atteindre celles du dernier grand événement de réchauffement planétaire, il y a 56 millions d’années, et ce dans moins de 150 ans.

Si les émissions de carbone d’origine anthropique ne cessent d’augmenter, la quantité totale de gaz à effet de serre injectée dans l’atmosphère pourrait être égale à celle libérée au cours du maximum thermique Paléocène-Eocène (PETM), un événement qui a eu lieu il y a environ 56 millions d’années. Et ce dès 2159. C’est du moins ce que révèle une étude, publiée dans Paleocéanographt and Paleoclimatology. Et ce n’est clairement pas une bonne nouvelle. « Vous et moi ne serons plus là dans 140 ans, note Philip Gingerich, expert en paléoclimat à l’Université du Michigan. Mais il suffit de penser à nos enfants, à nos petits-enfants et à nos arrières-petits-enfants ».

La période la plus chaude jamais enregistrée depuis 66 millions d’années

Le maximum thermique Paléocène-Eocène est tout simplement la période la plus chaude jamais enregistrée sur Terre depuis l’extinction des dinosaures. À cette époque, il y a environ 56 millions d’années, d’énormes quantités de dioxyde de carbone ont été libérées dans l’atmosphère (les raisons sont encore floues). En conséquence, les températures de la planète ont augmenté de 5 à 8 degrés Celsius. Il faisait alors sur Terre environ 23 degrés Celsius en moyenne. À titre de comparaison, la température moyenne actuelle oscille entre 15 et 16 degrés Celsius.

On estime qu’à l’époque, entre 3 000 et 7 000 gigatonnes de carbone se sont accumulées dans l’atmosphère sur une période de 3 000 à 20 000 ans. De nombreuses espèces se sont alors éteintes, ne supportant pas la hausse des températures qui s’ensuivit. Les climatologues s’appuient souvent sur cette période pour tenter de comprendre quels pourraient être les changements environnementaux à venir. L’exercice reste néanmoins compliqué, puisque ces deux périodes ne s’étalent pas sur une même durée. De nos jours, tout va beaucoup plus vite.

glace Antarctique
Il y a 56 millions d’années, le continent antarctique était recouvert de forêts vierges « quasi-tropicales ». Crédits : Free-Photos/Pixabay

Les taux d’émission actuels neuf à 10 fois plus élevés

Néanmoins, les chercheurs expliquent avoir trouvé un moyen de comparer les émissions de carbone modernes à celles d’il y a 56 millions d’années, en les ramenant sur une même échelle de temps. Et les résultats ne sont pas bons. Les taux d’émission actuels seraient en effet neuf à 10 fois plus élevés qu’à l’époque du Paléocène. Et si l’on projette les émissions actuelles dans le futur, il en ressort que nous serions confrontés à un événement similaire au PETM dans moins de cinq générations.

« Le fait que nous puissions atteindre un réchauffement équivalent au PETM très rapidement, dans les cent prochaines années, est terrifiant », a déclaré Larisa DeSantis, paléontologue à l’Université de Vanderbilt et co-auteure de l’étude. Quant à savoir quelles en seront les conséquences, difficile à dire, tant le réchauffement actuel évolue rapidement. Les espèces n’étaient pas les mêmes non plus. « Le monde était très différent à l’époque, poursuit la chercheuse. Ce que nous savons en revanche, c’est que ce réchauffement dramatique a de nombreuses conséquences négatives sur un grand nombre d’espèces, y compris la nôtre ».

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