Une récente étude prédit que le nombre de profils de personnes décédées sera supérieur au nombre de profils de personnes bien vivantes d’ici une cinquantaine d’années. Se pose alors la question de la gestion de ce lourd passé numérique.
Patrimoine numérique
Une analyse, signée de l’Oxford Internet Institute, prédit qu’au moins 1,4 milliard de membres de Facebook seront décédés avant 2100. Dans un tel scénario, le nombre de profils « morts » pourrait être supérieur à celui de personnes bien vivantes. D’ici 2100, le nombre d’utilisateurs décédés pourrait même atteindre les 4,9 milliards.
En supposant que Facebook continue de croître à son rythme actuel dans le monde, les chercheurs estiment que l’Afrique représentera, à terme, une part croissante des utilisateurs décédés. Notamment au Nigéria (6 % du total). Les profils asiatiques – Inde et Indonésie en particulier – représenteront également une part importante du nombre d’utilisateurs morts. Les utilisateurs occidentaux, eux, ne représenteront qu’une minorité.
Se pose alors le problème de la gestion de toutes ces données numériques. « Ces statistiques soulèvent de nouvelles et difficiles questions. Comment gérer le meilleur intérêt des familles et des amis de la personne décédée, tout en permettant aux futurs historiens de les utiliser pour comprendre le passé ? », demande Carl Öhman, principal auteur de l’étude.
Comme le note également David Watson, co-auteur de cette étude, jamais dans l’histoire nous n’avons accès à une aussi vaste base de données illustrant le comportement humain. « Contrôler ces archives, dit-il, consistera en quelque sorte à contrôler notre histoire. Il est donc important de veiller à ce que l’accès à ces données historiques ne se limite pas à une seule entreprise à but lucratif. Il est également important de veiller à ce que les générations futures puissent utiliser notre patrimoine numérique pour comprendre leur histoire ».
Discuter de la « mort » en ligne
« Ces résultats doivent être interprétés non pas comme une prédiction de l’avenir, mais comme une opportunité de façonner l’avenir vers lequel nous nous dirigeons », poursuit Carl Öhman. Pour le chercheur, une « discussion critique sur la mort en ligne et ses implications macroscopiques s’impose de toute urgence. Facebook, dit-il, n’est simplement qu’un exemple de ce qui attend toute plate-forme offrant une connectivité et une portée mondiale similaires ».
En ce sens également, les chercheurs invitent d’ores et déjà Facebook (et les autres) à interroger historiens, archivistes, ou encore éthiciens à participer au processus de conservation des données que nous laissons derrière nous, après notre décès. Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Big Data & Society.
Source
Articles liés :