Les moisissures de l’ISS peuvent survivre à de fortes doses de radiations

ISS espace
La station spatiale internationale. Crédits : Pixabay

Les spores de moisissures intégrées à la Station spatiale internationale (ISS) seraient incroyablement résistantes aux radiations. Celles-ci se sont montrées capables de survivre à 200 fois la dose de rayons X nécessaire pour tuer un être humain.

On imagine la Station spatiale internationale propre est stérile, mais elle est en réalité criblée de moisissures. Les astronautes à bord ont pour mission – parmi d’autres – de nettoyer leur habitat, mais il est quasiment impossible de le désinfecter complètement. Ça, on le savait déjà. Ce que nous ne savions pas, c’était à quel point certaines de ces moisissures pouvaient être résistantes. Aspergillus et Pennicillium, par exemple, deux des champignons les plus répandus sur et dans l’ISS, semblent en effet particulièrement « à l’aise » avec les radiations.

Jusqu’à 200 fois la dose létale pour un humain

C’est du moins ce que suggère une expérience menée par des chercheurs du Centre aérospatial allemand (DLR) à Cologne. Pour cette étude, des spores d’Aspergillus et de Pennicillium ont été exposées à différentes quantités de rayons X, d’ions lourds et de lumière ultraviolette à haute fréquence. Ces radiations endommagent normalement l’ADN et détruisent les structures cellulaires, mais les spores ont étonnamment survécu à des doses incroyablement élevées. Jusqu’à 1 000 grays pour les rayons X et 500 grays pour les ions lourds. Ou encore jusqu’à 3 000 joules par mètre carré pour le rayonnement ultraviolet.

On note, pour info, que le gray (Gy) est une mesure de l’exposition au rayonnement basée sur l’absorption d’un joule d’énergie de rayonnement par kilogramme de matière. À titre de comparaison, partons sur la base que 0,7 gray est à peu près la quantité de rayonnement qu’un équipage devrait enregistrer lors d’une mission longue durée dans l’espace. Sur Mars, par exemple. Et que cinq grays, environ, peuvent tuer un humain.

De la moisissure à l’intérieur de la Station spatiale internationale, où sont entreposés les vêtements de sport pour être séchés. Crédits : NASA

Avantages et inconvénients

Cette incroyable résistance des spores de moisissures en milieu spatial à forcément des conséquences. Il y a d’un côté les inconvénients. Cela signifie en effet que les futures missions d’explorations, voire les missions habitées, devront redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour stériliser un maximum leurs vaisseaux. Dans le but d’éviter la contamination d’autres mondes. Mais nous pourrions d’un autre côté profiter de cette résistance.

Comme le souligne en effet la microbiologiste Marta Cortesão, principale auteure de l’étude, les spores fongiques pourraient être exploitées dans des conditions contrôlées. Et être utilisées comme matières premières. «La moisissure peut être utilisée pour produire des choses importantes. Des composés tels que des antibiotiques et des vitamines, par exemple, nécessaires pour de longues missions», explique la chercheuse.

Soulignons néanmoins que cette étude ne porte que sur les radiations. D’autres expériences devraient être menées au cours de cette année pour tester la résistance de ces spores à une combinaison de radiations, de vide, de froid et de gravité basse retrouvées dans l’espace. Alors seulement, nous saurons si les champignons pourront être nos amis ou nos ennemis lors de futures missions spatiales habitées.

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