D’après une étude, certains poissons exposés de manière chronique aux fibres microplastiques peuvent être sujets aux anévrismes, souffrir de problèmes respiratoires et voir leur système reproducteur perturbé.
Notre dépendance au plastique imprègne le réseau trophique océanique depuis trop longtemps. Or, ce problème semble avoir été largement sous-estimé. Il y a quelques semaines, une étude publiée dans la revue Limnology and Oceanography Letters a en effet suggéré que la quantité de microplastiques est en réalité un million de fois plus importante que prévu dans les eaux du globe. Il y aurait à ce jour en moyenne 8,3 millions de morceaux de plastique dans mille litres d’eau océanique.
Et évidemment, cette pollution n’est pas sans conséquence pour la vie marine. Des baleines aux tortues, en passant par les Saint-Jacques, le plastique imprègne de nombreux organismes. Jusqu’à présent, l’accent a souvent été porté sur les quantités de plastique ingérées par les créatures marines. Cependant, peu d’études à ce jour se sont véritablement focalisées sur les conséquences de cette consommation involontaire de plastique sur leur organisme.
Focus sur un petit poisson amphidrome
Une équipe de chercheurs de l’Université Duke, à Durham (États-Unis) s’est donc penchée sur la question. Ils proposent aujourd’hui une petite étude concentrée sur le mékada japonais (Oryzias latipes). Ces petits poissons sont originaires des rizières des régions côtières d’Asie du Sud. Ils sont capables d’évoluer dans l’eau de mer et dans l’eau douce (amphidrome). Quand ils ne sont pas dans les aquariums, on les retrouve donc à la fois dans les fleuves et dans les océans.
Les chercheurs n’ont pas choisi ces petits poissons par hasard. Comme ils le soulignent, une grande partie des fibres microplastiques retrouvées dans le milieu marin proviennent en effet des vêtements synthétiques que nous lavons en machine. Elles se glissent dans les installations de traitement des eaux usées et s’échappent dans les rivières puis les océans.
« Des études antérieures sur le terrain ont montré que beaucoup de ces poissons mangent de grandes quantités de fibres chaque jour, mais ont des mécanismes de protection dans l’intestin qui semblent empêcher les dommages« , explique David E. Hinton, principal auteur de l’étude. « Mais lorsque vous étendez votre étude au niveau des tissus et des cellules comme nous l’avons fait, des changements nuisibles peuvent être observés« .
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont placé 27 couples reproducteurs pendant 21 jours dans des réservoirs présentant des niveaux élevés de microplastiques. Ils ont surveillé les quantités de fibres consommées et excrétées, le poids des poissons ainsi que leur production d’œufs.

De gros problèmes de santé
Il est finalement ressorti de cette étude qu’une fois dans les intestins, les revêtements chimiques des matériaux en plastique se frayaient un chemin dans la circulation sanguine des poissons. Cette exposition aurait alors favorisé les risques d’anévrismes. De profonds changements dans les cellules épithéliales tapissant les branchies des poissons ont également été observés. Cela suggère que leurs capacités respiratoires ont été réduites. Enfin, la production d’œufs chez les femelles avait été « boostée ». Cela souligne que les produits chimiques contenus dans les fibres peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens.
Pour résumer, la consommation de plastique par ces poissons avait entraîné de profonds changements dans leur système respiratoire et reproducteur.
Certes, cette étude ne concerne qu’une espèce (et un petit échantillon). Toutefois, elle reste suffisamment révélatrice pour nous inciter à étendre ce type de recherches à un plus grand nombre d’organismes.
Source
Articles liés :