Les mesures de protection de la couche d’ozone en passe de porter leurs fruits

Crédits : NOAA Research.

Les actions prises dans les années 1980 pour protéger la couche d’ozone des substances nocives qui la détruisaient devraient bel et bien porter leurs fruits. Selon un nouveau rapport des Nations Unies, les niveaux d’ozone retrouveront leurs valeurs de référence dès 2040 au niveau mondial et aux alentours de 2060 au-dessus de l’Antarctique.

Le trou dans la couche d’ozone (O3) est un déficit en ozone qui survient dans la stratosphère à chaque fin d’hiver et début de printemps au-dessus du continent antarctique. Découvert en 1985, cette anomalie est devenue un symbole fort de l’impact que pouvaient avoir les activités humaines sur la composition chimique de l’atmosphère.

Une action internationale couronnée de succès

Grâce au protocole de Montréal signé en 1987 et à ses amendements, les gaz halogénés à l’origine du trou d’ozone ont été remplacés par d’autres gaz moins néfastes pour cette couche qui nous protège des dangers associés au rayonnement ultraviolet du Soleil. Toutefois, la durée de vie des composés émis est élevée. De fait, si une amélioration est en cours, elle prendra du temps. À ce titre, et en ce qui concerne l’Antarctique, le dernier rapport des Nations Unies anticipe un retour à la normale d’ici à 2066.

Publié tous les quatre ans, le document indique par ailleurs qu’en moyenne mondiale et annuelle, les niveaux d’ozone stratosphérique devraient retrouver les valeurs 1980 d’ici à 2040. En ce qui concerne l’Arctique, où un trou de plus petite dimension survient de temps à autre comme ce fut le cas en 2011 ou plus récemment en 2020, le retour à la normale est attendu aux alentours de 2045.

couche d'ozone
Évolution de la couche d’ozone en moyenne annuelle et mondiale (haut) et en fin d’hiver au-dessus de l’Antarctique (bas) entre 1960 et 2100. La courbe en violet correspond aux observations. Les courbes en bleu, jaune et rouge, à des projections selon différents scénarios de réchauffement climatique. Enfin, la plage grisée correspond aux incertitudes. Crédits : Scientific Assessment of Ozone Depletion: 2022, WMO.

« Il y a eu un changement radical dans la façon dont notre société traite les substances qui appauvrissent la couche d’ozone », relate David W. Fahey, l’un des coauteurs du rapport. En effet, les deux principaux composés qui attaquent l’ozone stratosphérique, le chlore et le brome, ont respectivement vu leurs concentrations chuter de 11,5 % et de 14,5 % après un pic en 1993 pour le premier et en 1999 pour le second.

Géo-ingénierie solaire et couche d’ozone

Les scientifiques avertissent cependant sur l’impact qu’auraient des injections d’aérosols sulfatés sur la couche d’ozone. Cette technique de géo-ingénierie parfois invoquée comme un plan de secours permettant de refroidir artificiellement le climat s’accompagnerait d’une perte d’ozone allant jusqu’à 20 % au-dessus de l’Antarctique et s’opposerait ainsi à la récupération attendue à long terme. Les chiffres du rapport sont donc valables à condition que les politiques actuelles d’interdiction des gaz halogénés soient maintenues et sans intervention de géo-ingénierie par injections de composés soufrés dans la haute atmosphère.

« L’action sur l’ozone crée un précédent pour l’action climatique. Notre succès dans l’élimination progressive des produits chimiques destructeurs d’ozone nous montre ce qui peut et doit être fait de toute urgence pour abandonner les combustibles fossiles, réduire les gaz à effet de serre et ainsi limiter l’augmentation de la température », observe Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).