En regardant des vidéos de leurs congénères en train de manger, certaines mésanges peuvent apprendre à éviter les aliments toxiques.
Pour adapter leur régime, les prédateurs doivent recueillir des informations sur la rentabilité des proies. En plus d’apprendre des rencontres avec les proies elles-mêmes, des études ont montré que certains prédateurs peuvent en apprendre davantage en observant les expériences négatives de leurs congénères ou même d’autres espèces. Cependant, on ignore encore beaucoup de choses sur la manière dont ils utilisent ces informations sociales.
Pour en savoir plus, Liisa Hämäläinen et son équipe, de l’Université de Cambridge, se sont tournées vers les mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) et charbonnières (Parus major). Il s’agit de deux espèces qui s’attaquent sensiblement aux mêmes proies.
Les mésanges apprennent en s’observant
Au cours de cette expérience, les chercheurs ont montré une vidéo à un groupe de 24 oiseaux (12 de chaque espèce).
Dans ce film, on présentait à une mésange bleue ou à une mésange charbonnière une proie désagréable. Pour les rendre impropres, les chercheurs les ont aspergés d’une solution amère et les ont marqués d’un carré noir. Comme prévu, les oiseaux filmés ont réagi avec dégoût en secouant ou en s’essuyant la tête.
Les oiseaux qui ont regardé les vidéos ont ensuite été invités à passer à table. La proposition fut alors la même : soit des proies désagréables, soit des proies habituelles (non modifiées). Le but était de voir s’ils avaient appris des mésanges filmées.
Pendant ce temps, on a proposé ces mêmes options alimentaires à un autre groupe de 24 oiseaux qui n’avait pas regardé les vidéos.
Il est alors vite ressorti que les oiseaux qui avaient regardé les vidéos mangeaient moins de proies désagréables que les autres. Ce type d’apprentissage par imitation est forcément un atout dans la nature.
« Les mésanges bleues et charbonnières se nourrissent ensemble et ont un régime alimentaire similaire, mais elles peuvent différer dans leur hésitation à essayer de nouveaux aliments« , explique la chercheuse. « En observant les autres, cela peut réduire le temps et l’énergie qu’elles investissent dans l’essai de différentes proies, mais aussi les aider à éviter les effets néfastes de manger des proies toxiques« .
Une aubaine pour les proies
Ce type d’apprentissage est bénéfique pour les oiseaux, mais pour les proies également.
De nombreuses espèces d’insectes ont en effet développé des marquages visibles et des défenses chimiques au goût amer pour dissuader les prédateurs. Toutefois, avant que les oiseaux n’apprennent à associer les marques à ces goûts rebutants, ces insectes courent un risque plus élevé, car ils se distinguent. Si les oiseaux sont effectivement capables d’évaluer un risque en observant simplement un congénère, alors cela signifie que les proies qui développent ces types de signaux d’alerte ont plus de chance de survie.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Journal of Animal Ecology.
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