cellules cancer
Crédits : artacet/istock

Les médecins pourraient bientôt éliminer le cancer de votre corps avec une arme inattendue !

Et si, au lieu de détruire les tumeurs à coups de traitements brutaux, on parvenait à les rendre plus exposées aux défenses naturelles du corps ? Une étude récente du Fralin Biomedical Research Institute de Virginia Tech propose une approche révolutionnaire : utiliser des impulsions électriques de faible intensité non pas pour tuer les cellules cancéreuses, mais pour modifier leur environnement et le rendre plus propice à une attaque du système immunitaire. Ce changement de paradigme pourrait transformer l’avenir de la lutte contre le cancer.

Une technologie connue, mais réinventée

La technique utilisée s’appelle H-FIRE, pour High-Frequency Irreversible Electroporation. À haute intensité, elle est déjà connue pour sa capacité à détruire directement les cellules tumorales en provoquant une rupture irréversible de leur membrane. Cette méthode a été employée dans le traitement de certains cancers inopérables, notamment du foie ou du pancréas.

Mais la recherche menée par le laboratoire de Virginia Tech révèle un effet inattendu lorsque H-FIRE est appliqué à plus faible intensité. Dans ce mode dit « subablatif », l’intention n’est pas de tuer les cellules, mais de perturber subtilement leur environnement. Ce sont les effets secondaires de cette stimulation douce qui intéressent particulièrement les scientifiques.

Remodéliser la tumeur de l’intérieur

Dans une série d’expériences sur des modèles murins de cancer du sein, les chercheurs ont observé un phénomène saisissant : quelques heures seulement après le traitement, les tissus tumoraux montraient une augmentation significative du nombre de vaisseaux sanguins. Et ce n’est pas tout : dès le troisième jour, une croissance marquée des vaisseaux lymphatiques a également été constatée.

Or, ces deux réseaux – sanguin et lymphatique – jouent un rôle essentiel dans la surveillance immunitaire. Le sang achemine en effet les cellules immunitaires, tandis que le système lymphatique est une voie de drainage et d’alerte en cas d’anomalie. Leur développement accéléré autour de la tumeur permettrait ainsi un accès plus rapide et plus efficace des cellules tueuses du système immunitaire.

La tumeur, d’ennemi à point d’entrée stratégique

Ce basculement d’une approche destructrice à une stratégie de reconfiguration du microenvironnement tumoral change profondément la manière de penser le traitement. Plutôt que de considérer la tumeur uniquement comme une masse à éradiquer, les chercheurs la voient désormais comme un nœud immunologique : un endroit stratégique à partir duquel les défenses naturelles de l’organisme peuvent être réactivées.

« Le H-FIRE subablatif ne supprime pas complètement la tumeur, mais il modifie les règles d’engagement, » résume la Dre Jennifer Munson, directrice du Centre de recherche sur le cancer à Virginia Tech. « Nous voyons des signaux qui indiquent une mobilisation potentielle du système immunitaire vers le site tumoral. »

cancer du coeur

Crédit : iStock

Illustration de cellules cancéreuses. Crédits : iLexx/iStock

Vers des thérapies hybrides plus intelligentes

Cette découverte ouvre des perspectives passionnantes, en particulier pour les thérapies combinées. En effet, en améliorant la circulation locale et en facilitant l’accès au site tumoral, le H-FIRE subablatif pourrait renforcer l’efficacité d’autres traitements comme :

  • Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (comme ceux utilisés dans le mélanome ou le cancer du poumon),

  • Les thérapies par transfert cellulaire adoptif, qui consistent à injecter au patient ses propres cellules immunitaires préalablement boostées en laboratoire,

  • Ou encore les vaccins thérapeutiques anti-cancer, qui peinent parfois à cibler efficacement la tumeur.

Cette stratégie ne vise pas une guérison immédiate, mais une transformation de fond : reprogrammer la tumeur pour qu’elle devienne plus facile à attaquer et moins apte à se défendre.

Une piste d’avenir… déjà en marche

L’étude, publiée dans les Annals of Biomedical Engineering et financée par plusieurs branches des National Institutes of Health, souligne l’importance de penser le traitement du cancer au-delà de l’agression directe. Le prochain défi des chercheurs sera de cartographier les réponses immunitaires déclenchées par cette reconfiguration vasculaire, et de tester le potentiel de synergie avec les traitements existants.

Et si, dans un futur proche, les médecins pouvaient préparer le terrain du système immunitaire avant chaque traitement, comme un jardinier prépare la terre avant de semer ? C’est peut-être dans cette approche douce mais stratégique que se trouve une des clés de la médecine anticancer de demain.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.