Les « maisons clou » ou comment résister face aux promoteurs immobiliers

Crédits : Zhou Shuguang / Wikimedia Commons

Le jeu de mots est fort : un clou plantĂ© dans une planche de bois, peu enclin Ă  Ăªtre retirĂ© aisĂ©ment. Quelques irrĂ©ductibles propriĂ©taires de logements rĂ©sistent face aux pratiques agressives des promoteurs immobiliers incarnĂ©es par le manque de solutions proposĂ©es et les courantes tentatives de dĂ©couragement pratiquĂ©es.

« Quand les personnes privées ne veulent pas vendre leur propriété, celle-ci peut faire l’objet d’une expropriation. Il s’agit d’une procédure par laquelle un propriétaire se voit imposer la cession d’un immeuble dans un but d’utilité publique en contrepartie d’une indemnité », définition par -Le monde politique- du mot « expropriation ».

Le terme « maison clou » est une expression inventĂ©e par les promoteurs immobiliers chinois pour qualifier une maison que le propriĂ©taire ne veut pas abandonner alors que celle-ci est incluse dans un projet immobilier. « Maison clou » se traduit par le terme « dÄ«ngzihĂ¹Â Â».

Si l’on prend l’exemple chinois, la notion de propriĂ©tĂ© privĂ©e n’existait pas pendant la chine communiste. Ainsi, le droit chinois attribuait la propriĂ©tĂ© du sol Ă  la communautĂ© reprĂ©sentĂ©e par l’Ă©tat qui dĂ©tenait Ă  lui seul le droit d’expropriation. Avec le dĂ©veloppement Ă©conomique de la Chine, il est devenu indispensable d’adapter une lĂ©gislation basĂ©e sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e face Ă  l’expansion des zones urbanisĂ©es (en milieu rural notamment) et donc Ă  la forte augmentation de projets immobiliers plus ou moins importants.

En effet, certains propriĂ©taires ont refusĂ© dans les annĂ©es 2000 les « offres » proposĂ©es et des pressions se sont alors exercĂ©es dans certains cas (fausses accusations ou intimidation). Face Ă  la colère grandissante des Chinois, le gouvernement est en 2007 Ă  l’origine d’une loi sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e et dĂ©clare que « les actes illicites d’acquisition foncière par la force doivent Ăªtre sĂ©vèrement punis ». Depuis, certains habitants n’ont plus peur de rĂ©sister.

Un des exemples les plus connus dont l’histoire s’est terminĂ©e fin 2012 concernait un couple de sexagĂ©naires dans la province orientale du Zhejiang. Ce couple habitait un immeuble de 5 Ă©tages frĂ´lĂ© par des voitures circulant sur… une autoroute fraichement construite ! Finalement, le couple a fini par accepter une compensation de 260.000 yuans (32.000 euros) alors que quelques semaines avant cette dĂ©cision, le paiement de la maison (achetĂ©e Ă  crĂ©dit) venait dâ€™Ăªtre achevĂ© pour un total de 600.000 yuans (79.679 euros).

Les terrains sur lesquels se ruent les promotteurs immobiliers entrainent parfois ce genre de contentieux en Chine mais pas seulement. On trouve des exemples de maisons clou au Japon, en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni, ou encore à Hong Kong.

Aux États-Unis, une cĂ©lèbre histoire s’est dĂ©roulĂ©e dans la ville de Seattle dans l’Ă©tat de Washington. Edith Macefield, une vieille dame de 84 ans, avait rĂ©sistĂ© en empĂªchant la construction d’un centre commercial. Un Ă©difice finalement sorti de terre après modification des plans prenant en compte la maison indĂ©sirĂ©e. Elle aurait refusĂ© catĂ©goriquement la bagatelle d’1 million de dollars US et fĂ»t intronisĂ©e en hĂ©ros national par l’opinion publique en 2006. Par ailleurs, cette histoire a inspirĂ© les studios d’animation Pixar pour le film « Là haut » sorti dans les salles en 2009.

Sources : Le ProgrèsLe FigaroVoyager LoinWorld News NetworkLe Monde Politique

– Illustration : La maison clou de Chongqing –  Zhou Shuguang