Souvent décrits comme l’une des Sept Merveilles du monde antique, les jardins suspendus de Babylone ne cessent de fasciner par leur luxuriance et leur conception auréolée de mystère. L’existence de ces jardins n’a d’ailleurs encore jamais été confirmée historiquement. Des recherches récentes révèlent cependant quelques nouveautés quant à leur emplacement.
Les jardins suspendus de Babylone, l’une des Sept Merveilles du monde
Édifices auréolés de mystère, les jardins suspendus de Babylone sont considérés comme l’une des Sept Merveilles du monde antique. Cette architecture unique apparaît dans les écrits de plusieurs auteurs grecs et romains s’inspirant de sources disparues. Mais c’est principalement au prêtre babylonien Bérose que l’on devrait l’histoire de la construction de ces jardins par Nabuchodonosor II en 605-562 avant J.-C.
Au début du 20e siècle, après avoir découvert, dans le sud de l’actuel Irak, l’emplacement exact de plusieurs constructions mythiques dont la Tour de Babel, les archéologues se mettent à chercher, en vain, celui des jardins suspendus de Babylone.
Selon les historiens contemporains, ces archéologues auraient, pour la plupart, cherché à localiser l’emplacement potentiel des jardins à l’intérieur de Babylone, tandis que d’autres les situaient plutôt dans la ville de Ninive, au nord de la Mésopotamie. Nombreux furent encore ceux qui remettaient en cause l’existence d’un tel monument. Qu’en est-il pour les archéologues de notre ère ?
Quelle est l’origine des jardins suspendus de Babylone ?
Selon la traduction d’inscriptions anciennes, la construction des jardins suspendus de Babylone serait attribuée au roi Nabuchodonosor II en hommage à son épouse Amytis de Médie. Originaire d’une contrée montagneuse (le Nord-Ouest de l’actuel Iran), celle-ci aurait en effet eu le mal du pays, Babylone n’offrant guère de reliefs ni de paysages verdoyants.
Nabuchodonosor II aurait alors édifié des jardins d’une ampleur colossale et d’une luxuriance presque indécente. Bien que les descriptions varient, certaines caractéristiques attribuées à ces jardins légendaires reviennent fréquemment. Parmi elles :
- Des structure en terrasses : jardins conçus sur plusieurs niveaux de terrasses soutenues par des murs massifs et élevées les unes au-dessus des autres.
- Un système d’irrigation avancé : pour maintenir la verdure luxuriante du climat aride de Babylone, des pompes, des roues à eau ou encore des vis sans fin auraient pu être utilisées pour acheminer l’eau du fleuve Euphrate aux niveaux les plus hauts des jardins.
- Une grande diversité de plantes : arbres et fleurs exotiques (palmiers, buissons fleuris, plantes grimpantes, etc.).
- Plusieurs colonnes et voûtes : terrasses supportées par des colonnes robustes et souvent ornées de voûtes, de sorte à allier fonctionnalité, robustesse et esthétisme.
- Une multitude de statues et autres décorations : sculptures, gravures, statues et éléments décoratifs en pierre ou en métal précieux (représentations de divinités, d’animaux ou de scènes de la mythologie mésopotamienne).
- De nombreux pavillons : allées bordées de plantes et de fleurs parfumées connectant plusieurs pavillons.
Une existence sujette à débat
Si les écrits anciens attestent de l’existence des jardins suspendus de Babylone, en revanche, les archéologues de tout temps ne sont encore jamais parvenus à trouver une seule ruine de ce monument aussi mystérieux qu’emblématique. Nabuchodonosor lui-même n’aurait évoqué ces jardins dans aucune de ses inscriptions de fondation destinées à commémorer ses chantiers.
De plus, selon les historiens modernes, cette superposition de jardins telle qu’elle est décrite dans les récits anciens serait structurellement impossible. Autre confusion : toutes les sources faisant allusion aux jardins suspendus datent du quatrième siècle avant J.-C.
Babylone Vs Ninive
Face au manque de preuves écrites, géographiques et archéologiques, certains experts d’édifices anciens émettent alors l’hypothèse que les jardins suspendus ne se trouvent peut-être pas à Babylone. D’ailleurs, il n’est pas rare d’observer que les sources gréco-romaines mentionnant la deuxième merveille du monde confondent l’Assyrie et la Babylonie.
L’historien grec Diodore (1er siècle avant J.-C.) localisait ainsi la ville de Ninive près de l’Euphrate alors qu’elle se situait sur les rives du Tigre. Celui-ci prenait également un soin tout particulier à décrire les ornements figurant sur les murs de Babylone et représentant la reine Sémiramis et le roi Ninus chassant plusieurs animaux sauvages. Un décor qui ne fut jamais retrouvé à Babylone, mais qui correspondait étrangement aux reliefs néo-assyriens représentant des scènes de chasse sur les murs du palais de Ninive.
Doit-on en conclure que les jardins suspendus ont bel et bien existé, se trouvant non pas à Babylone mais à Ninive ? C’est en tout cas l’hypothèse de Stephanie Dalley, assyriologue à l’Université d’Oxford et spécialiste du Proche-Orient antique.
La chercheuse britannique a en effet suggéré, après une récente enquête, que les jardins suspendus n’auraient pas été commandés par Nabuchodonosor II mais par Sennachérib, roi d’Assyrie de 705 à 681 avant J.-C., et érigés à Ninive. Ses recherches s’appuient sur les annales du règne de ce roi assyrien, faisant l’éloge de l’imposant monument de son invention :
Les alentours du palais sont érigés en hauteur pour que tous les peuples puissent admirer cette merveille. Un jardin suspendu, comparable aux monts Amanus, où poussent tout genre de plantes aromatiques.
Les jardins suspendus de Babylone continuent de captiver l’imaginaire collectif malgré l’absence de preuves archéologiques concrètes. La fascination pour cette merveille du monde antique persiste, alimentée par des descriptions historiques et des hypothèses intrigantes. Les recherches récentes, notamment celles de Stephanie Dalley, suggèrent que ces jardins légendaires pourraient avoir été situés à Ninive et non à Babylone, et attribués à Sennachérib plutôt qu’à Nabuchodonosor II. Cette nouvelle perspective ouvre des horizons fascinants pour l’étude des civilisations anciennes et rappelle que de nombreux mystères de l’histoire attendent encore d’être élucidés. La quête pour confirmer l’existence et l’emplacement exact des jardins suspendus demeure un défi passionnant pour les historiens et les archéologues du futur.