Actuellement en vogue sur les réseaux sociaux, le régime carnivore ou « tout viande » est plein de promesses, notamment une perte de poids rapide, une belle peau et une meilleure digestion. Seulement voila, il est ici question de bénéfices qui restent non prouvés par la Science. Que faut-il savoir sur ce régime controversé ?
Quelle motivation autour de ce régime ?
Dans un monde où l’apparence et la santé sont souvent mis en avant, le fait que de nombreuses personnes tentent d’adopter un régime strict est compréhensible. Depuis quelques années, le régime carnivore attire l’attention car supprimant tous les aliments d’origine végétale au profit de la viande, du poisson, des œufs et autres produits laitiers. En réalité, il est ici question d’une forme extrême du régime cétogène, ce dernier autorisant tout de même des apports légers en glucides (pain, riz, légumineuses etc.), comme l’indiquait le Conseil européen de l’information sur l’alimentation (EUFIC) dans une publication datant de juillet 2025.
Dans les formes les plus jusqu’au-boutistes, certains adeptes du régime carnivore consomment uniquement du bœuf. Cette manière de voir les choses se justifie par le désir d’un retour à un mode de vie ancestral s’inspirant de celui des chasseurs préhistoriques. Évidemment, ce raccourci est très simpliste dans la mesure où les actuels élevages industriels n’ont absolument rien à voir avec la chasse aux bêtes qui évoluaient sur Terre durant la Préhistoire. Certains observateurs estiment également que le « tout viande » peut avoir une dimension politique, un acte de contestation face aux recommandations et aux règles relatives à la santé ou encore, à l’écologie.
Surtout, le régime carnivore et ses adeptes promettent des effets positifs multiples sur l’organisme et la physiologie. Citons notamment la réduction des gaz et des ballonnements, une belle peau ainsi qu’une perte de poids rapide. La clé du succès serait donc la suppression des aliments végétaux . Cependant, tout n’est pas aussi simple.
Éliminer les aliments d’origine végétale, une bonne chose ?
Comme l’explique l’EUFIC, le régime carnivore peut effectivement entraîner une perte de poids à court terme, cette dernière résultant principalement du fait de manger moins de calories par inadvertance. Néanmoins, il n’existe aucune étude menée sur le long terme constituant une preuve des avantages de ce régime sur le plan de la santé. Dans les faits, les recherches financées par l’industrie de la viande ont tendance à montrer des effets positifs (ou neutres), alors que les études indépendantes soulignent plutôt l’existence d’effets négatifs.
L’un des principaux points préoccupants en ce qui concerne le régime carnivore est l’élimination complète des fibres. Or, celles-ci sont essentielles à une bonne digestion et à la prévention de la constipation, entre autres. Assez rapidement, il peut aussi devenir question de niveaux élevés de composés toxiques dans le sang, d’inflammations et d’une diminutions de la fonction rénale. Citons également le calcium, autre nutriment qui interroge dans le cadre de ce régime.
Par ailleurs, les graisses saturées provenant d’une consommation élevée en viande est source d’augmentation du taux de cholestérol, dont on sait les liens avec le cancer colorectal et certaines maladies cardiaques. Quant à l’absence d’antioxydants et de composés phytochimiques d’origine végétale, celle-ci se traduit par une disparition de composés capables de protéger l’organisme des inflammations et de certaines maladies chroniques.
Quelles preuves concernant les risques ?
L’EUFIC n’a pas hésité à rappeler que les études sur le long terme relatives aux personnes suivant le régime carnivore ne sont pas nombreuses. Toutefois, certaines preuves mettent en évidence des risques potentiels issues d’une étude publiée dans la revue JAMA Cardiology en janvier 2025 et pilotée par l’Université de Floride du Sud à Tampa Bay (Etats-Unis). Les chercheurs ont décrit le cas d’un homme ayant suivi un régime carnivore durant huit mois avant de se rendre à l’hopital. Le patient de 40 ans présentait des nodules jaunâtres asymptomatiques sur les paumes, la plante des pieds et les coudes, dont l’apparition datait de trois semaines.
Les résultats ont permis de comprendre que cette condition était associée à un taux de cholestérol excessif, soit plus de six fois supérieur aux recommandations. Pour les chercheurs, les dépôts graisseux dont il est ici question ne pouvaient s’inverser avec un simple changement de régime alimentaire plus équilibré ou avec la prise de médicaments anti-cholestérol. Cette étude constitue donc la preuve qu’un régime alimentaire déséquilibré et surchargé en graisses animales présente des risques sur la santé à long terme.
