Pour l’astronome suisse Michel Mayor, l’Homme ne pourra pas migrer vers une planète en dehors du système solaire. Du moins pas de sitôt. Il propose de nous concentrer sur la Terre.
Il y a quelques jours, le Prix Nobel de physique a été décerné à l’américain James Peebles pour ses travaux sur la cosmologie (histoire de l’Univers). Les astronomes suisses Michel Mayor et Didier Queloz ont également été récompensés pour la découverte de la toute première exoplanète autour d’une étoile de type solaire, en 1995. Une révolution à l’époque. Depuis, nous avons découvert plus de 4 000 planètes en dehors de notre système.
Les trois chercheurs ont bien évidemment pris le temps de répondre à quelques questions, en marge de leurs nominations. L’astronome Michel Mayor a par exemple été interrogé sur la possibilité que nous puissions un jour nous rendre sur l’une de ces exoplanètes. Et son point de vue est très clair.
« C’est impossible, a-t-il expliqué. Ces planètes sont beaucoup, beaucoup trop loin. Même dans le cas très optimiste d’une planète habitable située pas trop loin, disons quelques dizaines d’années-lumière de la Terre, le temps pour nous y rendre serait considérable. Nous parlons de centaines de millions de jours en utilisant les moyens dont nous disposons aujourd’hui. Nous devons plutôt prendre soin de notre planète. Elle est très belle et reste tout à fait vivable ».
Aller plus vite, pour aller plus loin
Rappelons en effet que dans le domaine spatial, nous nous appuyons depuis toujours sur des fusées à propulsion chimique (qui brûlent du carburant). La technologie nous a permis d’explorer une grande partie de notre système, mais elle a ses limites. Pour aller plus loin, il faut aller plus vite : nous devons en effet penser un autre moyen de propulsion.
La solution pourrait nous venir de l’énergie nucléaire. L’idée consiste à chauffer de l’hydrogène liquide à très haute température par le biais d’un réacteur nucléaire. La matière est ensuite éjectée par l’arrière de la fusée (via une tuyère) dans le but de créer une poussée suffisamment puissante pour s’extraire de la gravité terrestre d’une part, mais aussi pour accélérer le temps de voyage dans l’espace.
Pour le moment, aucune de ces fusées n’a réussi à voler. Mais on ne perd pas espoir. Il y a quelques semaines, le gouvernement américain a en effet alloué une enveloppe de 125 millions de dollars à la NASA dans le but de concevoir ce nouveau moyen de propulsion.
Détecter la vie à distance
En attendant, l’astronome a également ajouté que la seule façon de savoir si la vie existe sur d’autres planètes « est de développer des techniques qui nous permettraient de détecter la vie à distance ». Notamment en recherchant des biosignatures, ou des technosignatures. Mais pour ce faire, nous avons besoin d’instrument beaucoup plus puissants. Il incombe ainsi à la « génération suivante » de répondre à cette question.
Nous pourrions néanmoins avoir des premiers éléments de réponse avec les prochains lancements du James Webb Telescope (2021) et du télescope WFIRST (2025), de la NASA. Ces nouveaux bijoux technologiques seront en effet capables d’analyser la composition moléculaire de certaines atmosphères extraterrestres.
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