Les historiens ne parviennent pas à déchiffrer les manuels de combat à l’épée du Moyen-Age

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Crédits : domaine public / Wikipedia

Le combat à l’épée ou escrime médiévale ne se caractérise pas par des coups portés au hasard. En effet, manier une épée durant le Moyen-âge signifiait suivre un entraînement durant plusieurs années et la maîtrise de techniques élaborées. En revanche, les informations relatives à ces techniques ont été oubliées et celles présentes dans les manuscrits médiévaux peinent à être comprises par les experts.

Des « manuels d’escrime » difficiles à déchiffrer

Durant l’histoire médiévale, les chevaliers et autres combattants en armure jouaient un rôle très important. Ils étaient d’ailleurs largement récompensés pour leurs faits d’armes. Or, le maniement de l’épée incluait différentes techniques complexes que les hommes de l’époque apprenaient en s’entraînant durant des années. La complexité de ces enchaînements était d’ailleurs telle que cette pratique est comparable à un art martial complet.

Comme l’explique BBC Future dans un article très complet publié le 20 décembre 2022, ces techniques se sont progressivement perdues avec les siècles. Malheureusement, elles se trouvent aujourd’hui au cœur d’un mystère que les historiens peinent à comprendre et à expliquer. Elles sont en effet décrites au sein d’ouvrages particuliers – les « fechtbücher » (livres d’escrime) – qui sont qualifiés de vagues, cryptiques et alambiqués. Autrement dit, ils sont très difficiles à déchiffrer.

Rappelons au passage que le véritable combat à l’épée serait très éloigné de ce que l’on peut observer dans les films ou le théâtre. En outre, les chevaliers importants suivaient les enseignements des maîtres de combat, des personnages parfois très célèbres. Citons par exemple l’Italien Fiore Furlan dei Liberi, auteur d’un manuel d’apprentissage complet en quatre codex : la Fior di Battaglia (1404).

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Crédits : Michael Chidester / Wiktenauer

Poésie, métaphores, manque de détails

Ce type de manuels sont généralement composés de descriptions de techniques diverses et variées ainsi que d’illustrations manuscrites. En revanche, comme expliqué précédemment, si ces livres semblent très fournis, les historiens éprouvent toutes les difficultés du monde à les comprendre. Un des principaux problèmes est la représentation des contorsions du corps qui semblent physiquement impossibles. Ce fait est probablement explicable par l’absence de dessins en 3D, ce qui rend la manière d’appréhender la profondeur par les auteurs assez déroutante. De plus, ils ajoutaient parfois des bras et des jambes surnuméraires aux combattants.

Quant aux descriptions, elles se trouvent sous forme de poésie, avec des mots choisis simplement pour faire fonctionner les rimes. De curieuses métaphores ou des termes qui pourraient être seulement compris par les maîtres de combat et leurs disciples sont également présents. Or, même dans le cas de descriptions un peu plus claires, le manque de détails explique en grande partie l’incompréhension des experts.

Afin de tenter de déchiffrer les documents et reproduire les techniques, les historiens suscitent l’aide de spécialistes, notamment des arts martiaux historiques européens (AMHE). Toutefois, les difficultés subsistent. Quelles techniques étaient réellement utilisées ? Mystère. D’autres zones d’ombres concernent la présence de femmes et d’ecclésiastiques dans certains manuels. Un des ouvrages concernés par ce dernier point est le Royal Armouries Ms. I.33 (ou Tower manuscript) qui est le plus ancien manuel de combat connu, dont les textes sont datés entre 1270 et 1320.