Les hippopotames de Pablo Escobar font des dégâts en Colombie

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Crédits : hbieser/pixabay

Les hippopotames laissés en Colombie suite au décès de Pablo Escobar font des ravages sur l’écosystème aquatique du pays.

Pourquoi y a-t-il des hippopotames, une espèce originaire d’Afrique subsaharienne, en Colombie ? Parce que dans les années 1980, le baron de la drogue Pablo Escobar a décidé de faire construire un zoo rempli d’animaux exotiques. À l’époque, vous pouviez y croiser des rhinocéros, des girafes, des zèbres et des hippopotames. Suite au décès du trafiquant en 1993, la plupart des espèces ont alors été relocalisées dans d’autres zoos… sauf les hippopotames.

Ces animaux sont en effet très têtus et agressifs. À l’époque, on a donc décidé de les laisser sur place, près de la rivière Magdalena.

Au départ, ils étaient quatre, mais peu à peu les hippopotames se sont multipliés. Aujourd’hui, on en dénombre au moins 80. C’est pourquoi des chercheurs de l’Université de Californie, à San Diego (États-Unis), ont récemment entrepris d’analyser l’impact de ces animaux sur leur écosystème. Les détails de ces travaux ont été publiés dans la revue Ecology.

Une espèce (très) envahissante

Pendant deux ans, les chercheurs ont effectué des mesures pour analyser la qualité de l’eau des bassins fréquentés par les animaux. Ils ont en parallèle effectué le même type de mesures dans des lacs dépourvus d’hippopotames, et ont finalement comparé les résultats.

Sans surprise, ils ont alors découvert que les selles des animaux, très fertilisantes, avaient tendance à favoriser la prolifération d’algues parfois toxiques. Celles-ci consomment alors des nutriments qui autrement seraient consommés par d’autres formes de vie.

En tombant au fond de l’eau, les déchets organiques des hippopotames sont également dévorés par des bactéries qui absorbent au passage beaucoup d’oxygène. En outre, cette activité microbienne produit des substances chimiques comme de l’ammonium ou du sulfure d’hydrogène, qui peuvent être potentiellement toxiques pour les poissons.

Au final, les eaux fréquentées par les hippopotames sont donc plus toxiques et contiennent moins d’oxygène. Une récente étude menée près de la rivière Mara, en Afrique, avait déjà constaté les mêmes effets dévastateurs du caca d’hippopotames sur l’écosystème aquatique.

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Crédits : bernswaelz/pixabay

Il n’est pour le moment pas question de toucher aux hippopotames colombiens. Mais les chercheurs avertissent que leur population devrait continuer à croître de façon spectaculaire au cours des prochaines années. « Dans 20 ans, il pourrait y en avoir des milliers, écrivent-il, ce qui pourrait modifier davantage l’écosystème aquatique ».

On rappelle que les hippopotames ne sont pas seuls à fréquenter ces lacs et rivières. Il y a ici des lamantins, des caïmans et des tortues géantes. À terme, la cohabitation pourrait donc être très compliquée.

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