Une récente étude allemande a fait la lumière sur une pratique étonnante chez les fourmis. Celles-ci aspirent en effet l’acide présent dans leur abdomen afin de se protéger des infections. Ce « nettoyage » interviendrait à chaque fois que les fourmis ingèrent de la nourriture, et serait à l’origine d’une meilleure survie pour les colonies.
Les fourmis acidifient leur estomac
Chez les humains, l’estomac produit directement l’acide gastrique, celui-ci permettant de réduire la taille des portions alimentaires en dénaturant les protéines. Également, l’acide gastrique tue la plupart des bactéries indésirables. Il s’agit d’une solution d’acide chlorhydrique dont la concentration et le pH varient selon la distance d’un repas. Chez les fourmis (Formicidae), il existe un équivalent. Ces insectes produisent un poison à l’aide de glandes spécifiques situées au niveau de l’abdomen.
Selon une étude publiée dans eLife le 3 novembre 2020, les fourmis aspirent leur propre poison. Les chercheurs de l’Université de Bayreuth (Allemagne) sont formels : cette technique permet aux fourmis de procéder à une acidification de leur estomac. Le principal auteur de l’étude, Simon Tragust, explique que ceci permet de limiter la prolifération des microbes pathogènes avalés par accident. De plus, les fourmis procéderaient à ce nettoyage après chaque repas.
«Après avoir accédé à l’acide, les fourmis voient leurs chances de survie considérablement augmenter après avoir mangé des aliments enrichis en bactéries pathogènes», a déclaré Simon Tragust dans un communiqué.
Une technique pour mieux survivre
Il faut également savoir que les fourmis partagent leur nourriture – de bouche en bouche – avec leurs congénères. Or, il s’agit là d’une source potentielle majeure d’infection. En consommant leur propre poison pour acidifier leur estomac, elles réduisent ainsi les risques de propagation infectieuse au sein de leur colonie. Par extension, ce genre de filtre microbien pourrait accroître la survie des fourmis d’une manière générale. Par ailleurs, cette technique aurait un autre effet : l’installation d’un environnement favorable aux bactéries acétiques, connues pour être en lien avec leur système digestif.
Rappelons tout de même que ces insectes sont des experts en survie. En 2018, des chercheurs étasuniens ont observé des individus de l’espèce Solenopsis invicta (ou fourmis de feu). Celles-ci avaient adopté une stratégie de survie incroyable après le passage de l’ouragan Florence en Caroline du Nord. En effet, elles se sont rassemblées en formant un genre de radeau pour assurer leur survie. En 2019, des écologistes brésiliens avaient remarqué la présence de plumes d’oiseau entourant certains nids de fourmis de l’espèce Pheidole oxyops. Il s’agirait ici soit d’un leurre visant à cacher l’entrée du nid, soit d’un moyen de capter et d’absorber la rosée du matin dans les zones sèches.