Les forêts allemandes ravagées par un insecte : «une catastrophe sans pareille»

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Crédits : Pixabay.

En Allemagne, les forêts sont depuis peu ravagées par un petit insecte dont l’apparence rappelle le scarabée. Il s’agit du scolyte, un coléoptère qui s’introduit sous l’écorce des arbres afin de mener à bien sa ponte. Les larves qui voient le jour continuent à se nourrir de bois et de sève ce qui finit par obstruer les voies nutritives de l’arbre. Quelques semaines sont parfois suffisantes pour faire mourir le végétal ligneux.

Selon le gouvernement allemand, l’équivalent de 3300 terrains de football a déjà été saccagé par ce tueur aux dimensions millimétriques. Dans la forêt de Welzow au sud de Berlin, en Bavière ou encore en Saxe où les autorités régionales dénoncent « une catastrophe sans pareille », les dégâts sont visibles à l’œil nu. Et les forestiers s’alarment.

Afin de contenir la contamination, il est nécessaire d’abattre les arbres malades – principalement des épicéas. La situation est telle que l’armée a été obligée d’apporter son aide pour évacuer au plus vite l’énorme quantité de bois infecté. Les galeries creusées sous l’écorce sont clairement visibles – témoins du festin opéré par l’insecte quelques semaines plus tôt.

Multiplication des scolytes et forêts fragilisées 

En soi, la présence de l’insecte n’est pas quelque chose de nouveau. En effet, celui-ci « créer des problèmes depuis 200 ans » ainsi que le rappel Peter Biedermann, de l’université de Würzbourg. Globalement, il tend même à jouer un rôle bénéfique pour l’écosystème forestier en limitant l’évapotranspiration par exemple.

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Exemple de galeries de scolytes sous l’écorce d’un arbre en France. Crédits : Wikimedia Commons.

Ce qui a profondément changé la donne est le récent enchaînement d’événements météorologiques extrêmes – sécheresse, canicule, douceur hivernale, etc. De fait, les forêts ont été affaiblies tandis que le scolyte a bénéficié de conditions favorables à sa prolifération. Des arbres en état de stress hydrique ont dû faire face à 3 ou 4 générations dudit insecte au lieu de 1 à 2 en temps normal. Un combat rendu très inégal, d’où la forte hausse de dépérissement observée.

On voit probablement là une des matérialisations des effets pervers du réchauffement global. L’arrivée d’espèces invasives où l’apparition de déséquilibres écosystémiques majeurs sont des conséquences attendues mais très difficiles à anticiper. Pourtant, elles peuvent avoir des implications très lourdes. Le cas échéant, les moyens de lutte sont malheureusement limités.

Abandon de la monoculture, une action nécessaire à long terme

« On a du mal à y faire face, on ne peut pas utiliser les procédés chimiques. Quand la bête est déjà dans l’arbre, elle y reste » explique Derk Ehlert, chargé de la faune et la flore. « On essaye donc de privilégier les ennemis naturels des scolytes, notamment les guêpes qui mangent volontiers œufs et larves ».

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Crédits : Pixabay.

Pour une action de long terme, il conviendrait de mettre un terme à la monoculture en diversifiant les forêts. Les espèces telles que le mélèze du Japon ou le chêne rouge sont par exemple mieux adaptés dans un contexte de réchauffement climatique. En attendant, 800 millions d’euros ont été débloqués lors d’un sommet gouvernemental ce 25 septembre en vue de reboiser 180 000 hectares de forêt.

Enfin, notons que les dégâts du scolyte ne sont pas limités à l’Allemagne. « Le phénomène du bois scolyté est d’ampleur européenne : il existe en Allemagne, en Belgique, en République tchèque… et il entraîne une saturation du marché » explique Damien Galland, directeur de l’office national des forêts à Verdun. En France, l’insecte affecte en particulier les forêts d’épicéas du nord-est du pays et les pins des Landes.

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