Pour la première fois, une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge (Angleterre) a mis au jour l’existence de variations saisonnières dans le mouvement de la gigantesque calotte de l’Antarctique. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique The Cryosphere le 6 octobre dernier.
L’énorme calotte glaciaire de l’Antarctique est pilotée par les grandes échelles de temps, des années aux millénaires, en passant par les décennies et les siècles. On s’attend par conséquent à ce qu’elle soit insensible aux variations climatiques qui surviennent aux courtes échelles de temps, par exemple à l’alternance entre l’hiver et l’été.
Calotte antarctique : une sensibilité insoupçonnée au cycle saisonnier
De nouveaux résultats viennent toutefois infirmer cette supposition. En effet, en s’appuyant sur des données satellitaires à haute résolution acquises entre 2014 et 2020 en péninsule antarctique, des chercheurs ont constaté que l’écoulement qui alimente les plateformes de glace s’accélérait de près de 15 % durant l’été austral. C’est la première fois que des changements saisonniers dans l’écoulement glaciaire sont mis en évidence par des données observationnelles au niveau du continent blanc.
« Contrairement à l’inlandsis du Groenland, où une grande quantité de données nous a permis de comprendre comment la glace se déplace d’une saison à l’autre et d’une année à l’autre, nous n’avions pas de couverture de données comparable pour rechercher de tels changements sur l’Antarctique jusqu’à récemment », détaille Karla Boxall, auteure principale de l’étude. « L’évaluation de la variabilité saisonnière de l’écoulement glaciaire […] est importante pour quantifier avec précision la contribution future de l’Antarctique à l’élévation mondiale du niveau de la mer », note le papier dans son résumé.
Des mécanismes à éclaircir
Aussi imposant et froid soit-il, l’inlandsis antarctique réagit par conséquent aux variations saisonnières comme le font les glaciers de montagnes ou la calotte groenlandaise. Il faut toutefois souligner qu’en ce qui concerne l’Antarctique, les processus à l’origine de cette oscillation restent à préciser. Le dégel de surface durant l’été, avec percolation de l’eau de fonte jusqu’à la base des glaciers et l’effet de lubrification qui en résulte, pourrait constituer une partie de la réponse.
L’influence de l’océan via le réchauffement par la base des plateformes, favorable à une accélération de l’écoulement en aval, en constituerait une autre. « Ces cycles saisonniers pourraient être dus à l’un ou l’autre mécanisme, ou à un mélange des deux », relate Frazer Christie, coauteur de l’étude. « Des mesures détaillées de l’océan et de la surface seront nécessaires pour comprendre pleinement pourquoi ce changement saisonnier se produit ». De futures recherches sont donc nécessaires pour mieux comprendre ces nouvelles observations.