Les États-Unis pourraient perdre cette barrière de protection naturelle contre les ouragans

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Crédits : Wikimedia Commons.

Les ouragans sont l’un des phénomènes naturels qui causent le plus de dégâts aux États-Unis. Au cours des dernières décennies, les dommages – et coûts – résultant de ces tourbillons ont augmenté sur la côte est du pays. Selon de nouveaux travaux, cette tendance pourrait s’accentuer dangereusement – et ce avant le milieu de ce siècle.

Une barrière de protection contre les cyclones intenses…

L’intensité maximale qu’un ouragan peut atteindre dépend principalement de deux paramètres. La température de surface de la mer (SST) et le cisaillement vertical du vent. Ce dernier correspond à la variation en vitesse et/ou en direction du flux horizontal avec l’altitude. Lorsqu’il est faible et que l’océan de surface est anormalement chaud, une perturbation tropicale donnée pourra croître – et donc s’organiser – de manière beaucoup plus efficace.

Les observations récentes révèlent que lorsque l’environnement de grande échelle est favorable dans la zone de genèse principale, il tend à être défavorable près de la côte est des États-Unis. Ainsi, il existe une sorte de barrière protectrice pour le pays. Elle tend à limiter l’intensité des tourbillons cycloniques lors des saisons actives quand ceux-ci s’apprêtent à toucher terre. Cette structure dipolaire est pilotée par un mode de variabilité naturelle propre au bassin atlantique. On parle d’AMV pour l’acronyme anglais de variabilité atlantique multidécennale.

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Dipôle dans l’anomalie de cisaillement associé à la variabilité atlantique multidécennale et calculé sur la période 1948-2015. Crédit : M. Ting al 2019.

… menacée par le changement climatique

Dans une étude parue dans Scientific Reports le 24 mai dernier, des chercheurs ont mis en évidence le fait que cette protection risquait de s’éroder avec le réchauffement climatique. De ce fait, les ouragans atlantiques pourraient devenir de plus en plus violents en se déplaçant vers l’ouest, atteignant leur intensité maximale potentielle au niveau de la côte états-unienne orientale.

« Les propriétaires de maisons et les décideurs politiques doivent en tenir compte lors de la planification du développement et de la protection du littoral », souligne Mingfang Ting, auteure principale du papier.

L’évolution décrite ci-dessus s’explique par un affaiblissement systématique du cisaillement près de la côte est, à laquelle s’ajoute l’augmentation notable des SSTs. De plus, l’AMV deviendrait de moins en moins apte à piloter une structure dipolaire. Le forçage dominant devenant celui des gaz à effet de serre.

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Ouragan vu depuis l’espace. En somme, une réelle toupie ! Crédits : Pixabay.

C’est en tout cas ce que montrent les simulations effectuées par les scientifiques du Lamont-Doherty Earth Observatory et de la NOAA. En outre, elles alertent sur le fait qu’un tel changement pourrait apparaître dès la décennie 2040. Pour éviter ce scénario catastrophe, il conviendrait de réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, les derniers chiffres disponibles sur le site du Global Carbon Project ne pointent pas dans cette direction

En conclusion, « il est probable que la côte est des États-Unis connaisse une intensification sans précédent des ouragans, ce qui entraînera des menaces encore plus grandes pour les communautés côtières », ainsi que le mentionne l’étude.

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