Les épisodes El Niño des dernières décennies sont sans précédent depuis au moins 7 000 ans

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El Niño 2015/2016. Crédits : NOAA.

Dernièrement, des chercheurs ont analysé la variabilité d’El Niño sur les 7 000 dernières années. Ceci grâce à l’étude d’échantillons de coraux fossiles en provenance du Pacifique équatorial. Les résultats montrent que les 50 dernières années ont connu les variations les plus extrêmes de toute la période. 

Plusieurs travaux ont récemment indiqué que les caractéristiques du phénomène El Niño ont subi des changements notables au cours des dernières décennies. Une altération sans équivalent sur les derniers siècles et probablement attribuable au réchauffement planétaire. Cette perspective semble gagner en robustesse au vu des nouvelles données qui continuent d’être récoltées sur le terrain par les spécialistes.

Une reconstruction de 7 000 ans du comportement d’El Niño

Aussi, une étude majeure publiée ce 20 novembre dans la revue Geophysical Review Letters vient conforter et préciser cette hypothèse. La période temporelle couverte s’étendant cette fois-ci sur les 7 000 dernières années. Malgré l’important échantillon travaillé, les auteurs ont conclu que jamais l’oscillation australe n’avait eu un comportement aussi atypique que depuis les années 1970.

« Ce que nous constatons au cours des 50 dernières années est au-delà de toute variabilité naturelle. Cela quitte les références. En fait, nous le voyons même à l’échelle de toute la période industrielle » relate Kim Cobb, auteur principal du papier.

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Évolution de la variance de l’oscillation australe El Niño / La Niña sur les 7 000 dernières années. Le 0 correspond à la moyenne 1987-2007. Les différentes couleurs traduisent différents jeux de données. La période moderne est présentée dans l’encart (b). Crédits : Pamela R. Grothe & al., 2019.

Plus précisément, sur les 50 dernières années, les épisodes El Niño se sont montrés 25 % plus puissants par rapport au reste de l’intervalle couvert par le projet. « Ces enregistrements suggèrent que les événements El Niño pourraient déjà être entrain de s’intensifier en raison du changement climatique anthropique » peut-on lire dans le résumé de l’article.

Analyse de coraux et convergence des résultats

Pour rendre compte des fluctuations sur une période aussi longue, les auteurs se sont basés sur l’analyse d’échantillons de coraux fossiles du Pacifique centre-équatorial. En effet, les propriétés thermique et saline de l’eau au moment de la croissance des coraux sont archivées par des structures analogues aux cernes des arbres. Il est donc possible de reconstruire l’histoire du phénomène (aux incertitudes près).

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Phénomène El Niño en 2015 mis en évidence par les anomalies de température de surface de la mer. Crédits : NOAA ESRL.

Le fait que des résultats obtenus par divers groupes de chercheurs via différentes méthodes convergent amène à penser qu’il s’agit là d’une conclusion robuste. C’est également le scénario qui tend à ressortir des projections climatiques. Malgré une forte dispersion, les modèles suggèrent qu’un monde plus chaud s’accompagne d’épisodes plus intenses et moins canoniques.

Ainsi, El Niño montre à l’évidence les premiers signes d’un changement inhabituel. Des épisodes plus extrêmes s’associant à des sécheresses ou inondations plus sévères dans la bande tropicale. En outre, les phénomènes de blanchissement des coraux seront aggravés tout comme les impacts sociaux et économiques (secteur de la pêche, agriculture, maladies tropicales, etc.).

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