Selon la dernière évaluation du Global Carbon Project, un organisme scientifique qui dresse chaque année un inventaire des sources et des puits de carbone à l’échelle mondiale, les émissions de carbone fossile ont poursuivi leur rebond post-Covid, rendant de plus en plus irréalistes les espoirs de limiter le réchauffement global à 1,5 °C. Le rapport est disponible en accès libre sur le site du projet.
Les émissions de dioxyde de carbone liées à l’utilisation de combustibles fossiles ont poursuivi leur rebond après la baisse observée en 2020 suite à la pandémie de Covid-19. En effet, les données préliminaires du Global Carbon Project affichent une augmentation de 1 % par rapport à 2021. Cet incrément est notamment le fait de l’Inde et des États-Unis, les émissions fossiles de la Chine et de l’Europe étant plutôt orientées à la baisse par rapport à l’année passée.
Entre combustibles fossiles et utilisation des terres, des tendances contrastées
Aussi, la quantité totale de CO2 rejetée dans l’atmosphère du fait de l’utilisation du pétrole, du gaz naturel, du charbon et de la fabrication du ciment a atteint 36,6 milliards de tonnes. Ce nouveau record vient détrôner les 36,3 milliards de tonnes émises en 2019. Un point positif cependant : les émissions issues de l’utilisation des terres poursuivent leur tendance à la baisse avec seulement 3,9 milliards de tonnes émises, un recul essentiellement dû aux pratiques de reforestation.
Le bilan des émissions fossiles et non fossiles s’élève ainsi à 40,6 milliards de tonnes, une valeur légèrement inférieure à celle de 2019. Ce chiffre reste toutefois bien trop élevé pour espérer limiter le réchauffement à 1,5 °C, l’objectif des 2 °C étant encore atteignable sous réserve d’une réduction rapide et profonde des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À cet égard, les résultats du Global Carbon Project sont abondamment diffusés à la COP27 qui se tient actuellement à Charm el-Cheikh en Égypte.
Des puits de carbone qui commencent à s’essouffler
Enfin, notons que la capacité de la végétation et des océans à prendre en charge une partie de nos émissions a montré des signes de diminution au cours de la dernière décennie. En effet, si la quantité absorbée reste importante, environ la moitié, elle est plus faible de 17 % pour la végétation et de 4 % pour l’océan par rapport à ce qu’elle aurait pu être sans changement climatique. Des océans plus chauds absorbent par exemple moins facilement le CO2.
« Le budget carbone mondial pour 2022 est profondément décourageant », reconnaît Mark Maslin, professeur de climatologie à l’University College de Londres (Angleterre) et qui n’a pas été impliqué dans les travaux. « Pour avoir une chance de tenir l’objectif international de réchauffement climatique de 1,5 °C comme convenu, nous devons procéder à d’importantes réductions annuelles des émissions, ce dont il n’y a pour l’heure aucun signe ».