Les deux tiers des plus longs fleuves du monde sont « étranglés » par l’Homme

centrale hydroélectrique
Crédits : Pixabay

Plus d’un tiers des plus longs fleuves du monde sont en écoulement libre, révèle une étude. En d’autres termes, le reste de ces grands cours d’eau sont entravés par des barrages et autres infrastructures humaines.

Une équipe de chercheurs de l’Université McGill, au Canada, s’est récemment penchée sur la fragmentation des plus longs cours d’eau du monde, dont dépendent des milliards de personnes. Des données satellites et des modèles informatiques ont permis d’analyser 246 fleuves et rivières de plus de 1 000 km de long à travers le monde (plus de 12 millions de kilomètres au total). Il ressort de cette étude que seuls 90 de ces 246 cours d’eau (environ 37 %) semblent couler librement. Sans « interruption », donc. La grande majorité d’entre eux se retrouvent en Arctique, en Amazonie et dans le bassin du Congo.

Et forcément, ça pose problème. « Les rivières à écoulement libre sont importantes pour l’Homme et l’environnement, mais le développement économique dans le monde les rend de plus en plus rares, explique Günther Grill, principal auteur de l’étude. Deux milliards de personnes boivent l’eau des rivières, il est donc important qu’elles restent une source d’énergie propre ». On note par ailleurs que des centaines de millions de personnes dépendent également des poissons qui évoluent dans ces cours d’eau. Or, leur population aurait en moyenne diminué de 83 % depuis 1970, en grande partie à cause des barrages et de la pollution.

mékong
Les chercheurs s’inquiètent notamment de la situation du Mékong, en Asie du Sud-Est, dans lequel plus d’un million de tonnes de poissons d’eau douce sont pêchées chaque année. Crédits : Pixabay

Le bon dosage

Les chercheurs pointent notamment du doigt les barrages hydroélectriques. Il y en aurait aujourd’hui dans le monde 60 000 d’au moins 15 mètres de haut. Il en existe des millions plus petits, et plusieurs milliers sont également en cours de construction. Ces « barrières artificielles » sont essentielles si nous voulons nous détacher des énergies fossiles. L’important, c’est de trouver le bon dosage.

« Les fleuves sont la pierre angulaire de notre planète, note Michele Thieme, responsable scientifique en eau douce au WWF. Alors que l’hydroélectricité a inévitablement un rôle à jouer dans le paysage des énergies renouvelables, une énergie éolienne et solaire bien planifiée peut constituer une option plus viable pour les rivières, les communautés et la biodiversité qui en dépendent. Les énergies renouvelables sont comme une recette, dit-elle. Vous devez trouver le bon mélange pour avoir à la fois un réseau énergétique durable et un monde naturel prospère ».

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