Les comètes seraient à l’origine de la couleur sombre de Mercure

Crédits : NASA

Si la planète la plus petite de notre Système solaire est aussi la plus proche du Soleil, Mercure a pour spécificité d’être étonnement sombre. Selon une nouvelle étude, cette particularité serait due aux dépôts de carbone issus des comètes.

En tant qu’objets rocheux, privés d’atmosphère, constamment bombardés de météorites et sombres, Mercure et la Lune sont comparables. La couleur sombre de notre satellite est due à une couche de nanoparticules de fer qui s’est formée au fur et à mesure des bombardements de météorites. Si pendant longtemps il a été convenu qu’il en était de même pour Mercure, de récentes analyses spectrales réfutent ce principe, puisqu’elles ont révélé que sa surface ne contient que très peu de fer.

« On a émis l’hypothèse qu’un mystérieux agent obscurcissant contribuait à la faible réflectance de Mercure », explique Megan Bruck Syal du Laboratoire National de Lawrence Livermore, aux États-Unis, dans l’étude parue dans la revue Nature Geoscience. La surface très sombre de Mercure trouverait son explication du côté des comètes.

En effet, lorsque celles-ci s’approchent du Soleil, certaines parties de leur matière (elles sont composées à près de 25 % de carbone) sont libérées et forment des micrométéorites qui bombardent la planète. « Une chose qui n’avait pas été envisagée est que Mercure reçoit beaucoup de matériel dérivé des comètes », commente Megan Bruck Syal, qui a alors voulu calculer la quantité de carbone apportée par ces comètes sur la surface de Mercure après des milliards d’années. Résultat, de 3 à 6 % de la surface de Mercure est composée de carbone.

Afin de tester cette hypothèse qui suggère donc que c’est le carbone qui est responsable de la couleur sombre de la planète, l’équipe de scientifiques a utilisé un puissant canon à air comprimé du Centre de recherche Ames de la Nasa, le Vertical Gun Range. Celui-ci permet de simuler les impacts de météorites sur les planètes, ou d’autres objets célestes. Ces tests ont révélé qu’à chaque impact, des particules de carbone s’intègrent dans la surface, de manière suffisante pour réduire la quantité de lumière réfléchie d’environ 5 %.

Même si d’autres études seront nécessaires pour confirmer celle-ci, le carbone issu des comètes pourrait donc bien être responsable de l’assombrissement de la planète, en peignant littéralement sa surface. « Nous montrons ainsi que le carbone agit comme un agent d’assombrissement furtif » déclare Peter Schultz, co-auteur de l’étude. « Du point de vue spectral, c’est comme une peinture invisible » poursuit — il, car effectivement, l’analyse spectrale lors de la simulation n’a révélé aucune présence de carbone. « C’est un scénario qu’il faut considérer comme plausible », conclut-il.

Sources : naturegeoscience, slate

– Illustration : Nasa